Il arrive souvent, lors de lectures publiques, que la musique accompagne la poésie ou qu'elle en occupe les intervalles, sans jeu de mots. Mais que la poésie prenne son essor à partir de la musique, voilà qui est rare. C'est pourtant le pari qu'ont relevé avec bonheur Zéno Bianu et Yves Buin dans "Santana de toutes les étoiles", en un duo poétique tourbillonnant autour du concert de Carlos Santana à la House of Blues de Las Vegas en mars 2016. Outre leur complicité de longue date et une commune ouverture à l'Orient, dont Santana est également imprégné, ces deux poètes ont une grande expérience du "collectif". Ceux qui ont suffisamment d'espace temporel derrière eux, pour dire élégamment qu'on vieillit, se rappelleront ces événements qui ont secoué le monde culturel au début des années 70 : le "Manifeste électrique aux paupières de jupes" pour Zéno Bianu (avec Bulteau, Messagier et quelques autres) et "De la déception pure, manifeste froid" pour Yves Buin (en collaboration avec Bailly, Sautreau et Velter). Unifiés par la musique – il serait très difficile d'identifier l'apport de l'un et de l'autre si la ponctuation, à mon sens, ne venait pas secrètement apposer sa signature –, ces poèmes s'élèvent joyeusement dans la lumière en une sorte d'extase éblouie, à la fois physique et spirituelle, qui nous entraîne avec elle au-delà des mots, derrière les apparences.
Pour ma part, j'ai d'abord regardé la vidéo puis, la repassant en sourdine, je me suis laissé emporter par la lecture vers les confins, ces nuits étoilées de la poésie comme on en connaît rarement aujourd'hui. Toute paraphrase étant inutile, je préfère en livrer des extraits :
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