tag:blogger.com,1999:blog-80238406709636140562024-03-13T03:44:40.566+01:00Passager clandestin de la penséeAlain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.comBlogger35125tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-12557894638038500392022-02-25T18:33:00.001+01:002022-02-26T11:22:47.547+01:00Howard McCord : Poèmes chamaniques, éditions de La Part Commune (note publiée dans la revue Europe Mars 2022, numéro consacré à Georges Séféris et Gilles Ortlieb)<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEip2aT9ImE68KieJwj2ykrx9aLdgogQB-WGpWI5kjtbghKekSDhxf0Y9VeOfOx7sejhaBjywmi2dGpaN7vpzxcR6OHmI2a5Ze1OCsfQi8_TdP5yYWQn41Gh652u5Tr9fGpRV-cTzkQL3kmzZ2VntdoWdH26PuvlW3TcJcZBYDBwqJ2KHnwQrQ8plzMc=s265" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="265" data-original-width="190" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEip2aT9ImE68KieJwj2ykrx9aLdgogQB-WGpWI5kjtbghKekSDhxf0Y9VeOfOx7sejhaBjywmi2dGpaN7vpzxcR6OHmI2a5Ze1OCsfQi8_TdP5yYWQn41Gh652u5Tr9fGpRV-cTzkQL3kmzZ2VntdoWdH26PuvlW3TcJcZBYDBwqJ2KHnwQrQ8plzMc" width="190" /></a></div><br /><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center; text-indent: 19.85pt;"><br /></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">L’écrivain
américain Howard McCord est surtout connu en France pour <i>L’homme qui
marchait sur la Lune</i> et <i>En marchant vers l’extrême</i>. Sa poésie l’est
moins, et c’est donc à une véritable découverte que nous invitent les Éditions
de La Part Commune avec <i>Poèmes chamaniques</i>, dans une présentation et une
traduction de Cécile A. Holdban – qui a par ailleurs illustré le livre – et de Thierry
Gillybœuf. Toute tentative pour situer cette poésie s’avère rapidement infructueuse.
On ne peut l’inscrire dans un courant tel que la Beat Generation ou l’Objectivisme
initié par William Carlos Williams et Louis Zukofsky, ni l’apparenter à Hart
Crane, qu’il admire pourtant. Si l’on peut rattacher les romans de McCord au « Nature
writing », ses poèmes semblent toutefois échapper à toute localisation
littéraire : ils sont insituables, comme d’ailleurs l’est l’écrivain
lui-même. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">Celui
qui se présente lui-même comme « fournisseur en charmes et malédictions
efficaces » est né à El Paso, au Texas, près de la frontière mexicaine, « au
milieu du désert de Chihuahua, au milieu de kilomètres et de kilomètres de
désert dans toutes les directions, et de chaînes de montagnes surgissant comme
des archipels », dit-il dans une interview. Cette nature sauvage qui
l’émerveille, qu’il considère comme sacrée, a forgé son tempérament, et s’il
devait revendiquer une identité, ce serait plutôt celle d’un Indien – « l’Apache
est mon maître » –, mais sans tribu, loin de la frénésie urbaine, avide
des grands espaces d’Amérique ou d’ailleurs qu’il parcourt en marchant, avec la
conscience d’être unique, que tout homme est unique, « le dernier de notre
genre ». <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">Les
<i>Poèmes chamaniques</i> rassemblent à l’évidence des poèmes écrits sur une
longue période – d’où la diversité des thèmes –, au fil de l’inspiration du
moment sans jamais la forcer et en divers lieux, souvent montagneux et
désertiques comme ceux de son adolescence. De ce fait, on pourrait croire qu’il
va évoquer les grands espaces, qui sont en effet bien présents en filigrane, mais
son regard se porte plus volontiers vers les particularités du territoire qu’il
arpente en marcheur aguerri, accrochant ainsi l’immensité et sa vacuité à des
éléments immédiats et proches, tels une pierre, un arbre, une araignée, un
serpent ou le vol d’un oiseau. Ils n’en sont pas moins énigmatiques, et Howard
McCord sait que « La totalité des mystères est retenue/comme la musique
dans l’écorce blanche du pin. » Il y a une langue cachée dans les choses,
et il faut apprendre à la connaître, non par le sens mais par la sensation,
aligner le langage sur des perceptions en retrouvant une innocence première née
d’un contact direct avec la nature sauvage – son côté chamane : le cœur
avant l’intelligence. La poésie consiste essentiellement, pour McCord, à accueillir
en toute simplicité les êtres et les choses dans les mots, à s’effacer pour leur
laisser la parole :<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">Un
poème est une ronce,<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">un
appel d’air,<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">un
cri dans la nuit<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">poussé
par l’humble gorge<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">d’une
taupe<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">capturée
par une chouette<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">silencieuse
en plein vol.<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">Sa
longue expérience des déserts, si propices aux mirages, l’amène dans certains
poèmes à émettre un doute, avec l’humour qui s’impose, sur la réalité de la
réalité. Et si le monde n’existait pas ? Chicago, les sauterelles, tout ça
n’existe pas. Seuls quelques arbres existent, « mais ils sont si
profondément/cachés dans les bois/qu’il est peu probable/qu’on en découvre
un/de nos jours. », écrit-il dans le poème « Ontologie ». « Un
rêve non rêvé », dit-il, telle pourrait être la nature véritable de
l’univers, un rêve qui n’est pas un rêve et une réalité qui n’est pas la
réalité, et un chaos plutôt qu’un cosmos :<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">Il
n’y a pas d’ordre.<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">Ni
dans les roseaux<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">ni
dans le silex<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">ni
dans la maison du soleil<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">ni
dans le lapin<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">ni
dans les bénédictions des bonnes manières.<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">Je
vous dis qu’il n’y a que<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;"><span style="mso-tab-count: 2;"> </span>les mythes de l’enfance.<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">la
géométrie<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;">rien
de plus.<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">Des <i>Poèmes
chamaniques</i>, il émane un art de vivre et même une certaine forme de sagesse
qu’on a presque envie de qualifier de taoïste – il aurait pu être à sa manière
un compagnon de Li Po. Cet amoureux de la solitude, que « la Muse a rendu
fou depuis longtemps » et qui possède parmi d’autres armes un sens affûté
de l’ironie et de la satire, aime les plaisirs simples : un feu de bois
mort, un repas sommaire, la prière du vent, le silence, danser autour d’un
chêne, contempler des étoiles à travers le sapin, identifier une fleur si c’est
la saison… Howard McCord est comme ce « moineau qui ne construit pas de
nid/mais allume des feux/de brindilles, de paille et de ficelle ». <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="tab-stops: 54.65pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium; line-height: 107%;"><span style="mso-tab-count: 8;"> </span>Alain
ROUSSEL<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="tab-stops: 54.65pt;"><span style="font-family: times; line-height: 107%;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><br /></p><p></p>Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-81931437299209550392022-02-25T18:25:00.001+01:002022-02-26T11:23:50.583+01:00Jean-Luc Steinmetz : Rimbaud de Clinchamps, éditions L'Étoile des limites (note publiée dans revue Europe Mars 2022, numéro consacré à Georges Séféris et gilles Ortlieb)<p><span style="font-family: times;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgnKAwIRwhXgs5VFOE3uhHVQSWquCiI-URUeW38dXRfFGohlLCWnhX5y3AAQKFbrbw0YgXU-pw2dMSksmEcwAQfPlRBDhD5BlaJSRvNgk596qTAQ4CccqNL7dO_Vsyw60TTXEaPqdR5Yp3V7Ukt97PfPbxpLNcCJxFxyLHEuF19XMXP2K-6RvSVFi0V=s267" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="267" data-original-width="189" height="267" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgnKAwIRwhXgs5VFOE3uhHVQSWquCiI-URUeW38dXRfFGohlLCWnhX5y3AAQKFbrbw0YgXU-pw2dMSksmEcwAQfPlRBDhD5BlaJSRvNgk596qTAQ4CccqNL7dO_Vsyw60TTXEaPqdR5Yp3V7Ukt97PfPbxpLNcCJxFxyLHEuF19XMXP2K-6RvSVFi0V" width="189" /></a></div><br /><p style="text-align: center;"><br /></p><p style="text-align: center;"><br /></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">Le livre de Jean-Luc Steinmetz n’est pas un nouvel essai ou une nouvelle biographie sur Rimbaud, auquel l’écrivain a déjà consacré des pages remarquables. De telles approches impliquent en effet une proximité, certes, mais aussi et surtout une distance, gage d’une relative objectivité. Ce n’est pas ce qui se joue ici. De toute évidence, il n’a pas conçu ce dernier écrit – on peut le qualifier de journal – comme un livre additionnel, mais « principal », selon ses propres termes. L’on peut parler à ce propos de nécessité intérieure qui le pousse à mêler sa voix à celle (celles ?) de Rimbaud, au fil d’une marche méditante dans la campagne, entre Clinchamps et Mutrécy dans le Calvados, comme en écho de la ferme de Roche où fut rédigée en 1873 une grande partie d’<i>Une saison en enfer.</i> C’est à cet opuscule, le seul publié du vivant du poète, que se consacre entièrement Steinmetz. La lecture qu’il en fait l’engage totalement, le met à l’épreuve comme s’il y allait de sa propre vie, et ce qu’il en écrit l’amène à aller au plus profond de lui-même, à fouiller les arcanes de sa propre adolescence : « Quant à l’histoire d’un livre que je recueille là, qui ne pensera qu’elle se confond avec la mienne, aux prises avec son propre destin, acolyte de Rimbaud, en butte à l’inidentifiable… », écrit-il.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">Qu’on ne s’y trompe pas. Steinmetz ne s’identifie pas à « l’homme aux semelles de vent », mais « note des coïncidences, des opportunités ». Il se décrit comme un « promeneur qui participe au monologue, rencontrant cette voix et ses voix, inscrit dans la parole qui articule la <i>Saison</i> ». Parfois il accompagne Rimbaud, parfois c’est Rimbaud qui l’accompagne sur son propre territoire, l’aidant ainsi à « agencer une histoire personnelle ». Ce qui l’intéresse, c’est l’émotion vécue au point d’intersection entre la « Saison » et sa propre existence qu’il revisite, nous livrant des éléments autobiographiques, mais aussi l’évoquant au présent par de belles descriptions de la campagne environnante qu’il parcourt au fil de sa marche elle-même rythmée – on l’imagine aisément – par la récitation mentale de certains passages d’<i>Une Saison en enfer</i>. Au fur et à mesure qu’il lit, le lecteur ressent ce sentiment étrange d’entrer à la fois dans l’œuvre de Rimbaud et dans la vie de Steinmetz. Cela n’exclut en rien la réflexion qui est ici intense, une sorte de « confrontation spirituelle », au plus près du texte qu’il suit mot à mot, sans trop se soucier des « propos contradictoires de ceux qui, plus que Rimbaud, pensèrent détenir la vérité au sujet de son texte ». On a trop tendance, lisant la « Saison » – et il est nécessaire que le lecteur la relise –, à ne retenir que des passages fulgurants, de s’arranger avec certaines « maximes » que l’on croit définitives, alors qu’elles peuvent un peu plus loin se trouver contredites par d’autres formules tout aussi péremptoires.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">C’est que, dans <i>Une saison en enfer</i>, au tournant de son existence, Rimbaud est tiraillé par le doute. Il n’écrit pas pour nous, mais pour lui, et s’interroge sur son passé, son présent et son avenir. Qu’entend-il par innocence, justice, charité, enfer, pureté, bonheur ? De cette vaste construction métaphysique et morale, de son « opéra fabuleux », Jean-Luc Steinmetz arpente les allées, ausculte les recoins. Il sait que la nature de Rimbaud est complexe et que plusieurs « je » sont à l’œuvre, qu’il ne faut pas se fier à un seul aspect. « L’homme aux semelles de vent » traîne derrière lui toute une traînée d’ancêtres sans lignage, de « race inférieure », et que si « le sang païen » coule dans ses veines, il aura fait aussi, « manant, le voyage de terre sainte » en chrétien, sans ce que cela l’empêche de danser « le sabbat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants ». Ce rapport contradictoire, qui tiraille la « Saison », à une certaine spiritualité interpelle au plus haut point Steinmetz. Il y revient souvent. Certes, Rimbaud n’est pas un horrible calotin, mais il n’est pas non plus un athée radical, comme certains voudraient qu’il fût, pour l’avoir mal lu. S’il déteste les bondieuseries, s’il raille les prêtres et les curés, s’il se sent esclave de son baptême, le mot Dieu revient régulièrement sous sa plume. « J’ai dit : Dieu », écrit-il. Mais l’on sent à la lecture que c’est un dieu qui appartient au « festin ancien », ou qui se donne comme une pure transcendance, hors religion, à moins qu’il ne s’inscrive lui aussi dans la « farce continuelle », comme l’est, selon Rimbaud, la vie elle-même.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: medium;">Rimbaud est « un mystique à l’état sauvage », comme disait très justement Claudel, pour lequel pourtant je n’ai pas de sympathie particulière, ni pour l’œuvre, ni pour l’homme. Méconnaître cet aspect du poète, c’est refuser de le prendre pour ce qu’il est, dans son intégrité, et Steinmetz a raison de le souligner, aussi dérangeant que cela puisse paraître. Le « passant considérable », comme l’écrivait Mallarmé, est homme de paradoxe, et cela, malgré nos réticences, le rend plus attachant que son mythe.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; text-align: justify;"><i><span style="font-family: times; font-size: medium;"> </span></i></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: times; font-size: medium;"><span style="line-height: 17.12px;"></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: times;"> <span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span></span></i><span style="font-family: times;">Alain ROUSSEL</span><span style="font-family: Garamond, serif;"><o:p></o:p></span></span></p><p><br /></p>Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-8046573999429801932021-01-24T14:21:00.003+01:002021-01-25T01:54:50.932+01:00Journal de lecture : Zéno Bianu/Yves Buin : "Santana de toutes les étoiles"<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-RvVLHL4fOjw/YA1mQ7vAU0I/AAAAAAAACnY/8-LscJWhIPI6XT61DET0ziLHsX96MFecACLcBGAsYHQ/image.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="270" data-original-width="186" height="400" src="https://lh3.googleusercontent.com/-RvVLHL4fOjw/YA1mQ7vAU0I/AAAAAAAACnY/8-LscJWhIPI6XT61DET0ziLHsX96MFecACLcBGAsYHQ/w278-h400/image.png" width="278" /></a></span></div><span style="font-size: large;"><br /><br /></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Il arrive souvent, lors de lectures publiques, que la musique accompagne la poésie ou qu'elle en occupe les intervalles, sans jeu de mots. Mais que la poésie prenne son essor à partir de la musique, voilà qui est rare. C'est pourtant le pari qu'ont relevé avec bonheur Zéno Bianu et Yves Buin dans "Santana de toutes les étoiles", en un duo poétique tourbillonnant autour du concert de Carlos Santana à la House of Blues de Las Vegas en mars 2016. Outre leur complicité de longue date et une commune ouverture à l'Orient, dont Santana est également imprégné, ces deux poètes ont une grande expérience du "collectif". Ceux qui ont suffisamment d'espace temporel derrière eux, pour dire élégamment qu'on vieillit, se rappelleront ces événements qui ont secoué le monde culturel au début des années 70 : le "Manifeste électrique aux paupières de jupes" pour Zéno Bianu (avec Bulteau, Messagier et quelques autres) et "De la déception pure, manifeste froid" pour Yves Buin (en collaboration avec Bailly, Sautreau et Velter). Unifiés par la musique – il serait très difficile d'identifier l'apport de l'un et de l'autre si la ponctuation, à mon sens, ne venait pas secrètement apposer sa signature –, ces poèmes s'élèvent joyeusement dans la lumière en une sorte d'extase éblouie, à la fois physique et spirituelle, qui nous entraîne avec elle au-delà des mots, derrière les apparences.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Pour ma part, j'ai d'abord regardé la vidéo puis, la repassant en sourdine, je me suis laissé emporter par la lecture vers les confins, ces nuits étoilées de la poésie comme on en connaît rarement aujourd'hui. Toute paraphrase étant inutile, je préfère en livrer des extraits :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><br /></span></p><div style="text-align: right;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>Le souffle et la lumière</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>encore et toujours</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>je compte mes pas</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>vers le vertige culminant </i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>j'avance</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>j'entends crépiter de grandes abeilles rouges</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>sur les cheveux des anges</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>La note bleue ne ment pas</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>elle s'alanguit comme un dieu en exil</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>la note bleue est une torsion du ciel</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>Musique antérieure de l'origine océane</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>beauté des voix ludiques et joyeuses</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>qui se retrouvent dans le non-temps de la vie</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>où surgissent les puissances</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>des fragments continentaux, des embardées savantes,</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>et le rythme soudain maître de tout ce qui vit</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>et prétend à la trace sublime sur le chemin</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>du cœur aimant.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>L'instrument sur la piste d'un rêve éperdu</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>la marque de l'harmonie primitive</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>en une longue phrase inachevée</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>qui appelle aux amours.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>La musique sait tout ça.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>Plus vive que la lumière</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>dans toutes les directions</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>l'immensité</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>tend ses propres cordes</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>la musique est un plasma de feu</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>le vent écoute</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>chuchoter les trous noirs</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>L'avancée des Atlantiques et les îles de l'espérance</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>accueillant les barbares, les ancêtres du feu,</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>les hordes transcendées</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>dansant sur les rivages.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>Résurrection.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>Cette rumeur qui emporte tout</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>disparaissant réapparaissant</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>jusqu'à toucher la vraie vie</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>l'intensité du fragile</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>le signe universel de la poésie</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>la jouissance bleue de l'âme</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>Le peuple des oiseaux a migré. S'ouvre la porte mémorable</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>se rejoignent les assemblées du monde</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i>à l'écoute du son ultime.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span> .......................................................</span></div><div style="text-align: justify;"><span><br /></span></div><div style="text-align: justify;"> <span style="font-size: large;"> </span><span style="font-size: large;"> <span style="font-family: times;"> Alain Roussel</span><span style="font-family: times;"> </span> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;">- "Santana de toutes les étoiles", de Zéno Bianu et Yves Buin, a été publié aux éditions du Castor Astral (90 pages, 12€). </span><span style="font-size: large;"> </span> </div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><br /></p>Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-87993905001151912672021-01-19T23:01:00.002+01:002021-01-20T01:43:55.546+01:00Journal de lecture : Étienne Ruhaud, Bernard Ascal, Louis Scutenaire<p style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-size: 24px;"><span style="font-family: times;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: 24px;"><span style="font-family: times;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-MnjdDNccC68/YAchwDmVMkI/AAAAAAAACkQ/2LJpDwkWOSg0nRjW408IflHdabgke2TgQCLcBGAsYHQ/image.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="308" data-original-width="195" height="321" src="https://lh3.googleusercontent.com/-MnjdDNccC68/YAchwDmVMkI/AAAAAAAACkQ/2LJpDwkWOSg0nRjW408IflHdabgke2TgQCLcBGAsYHQ/w203-h321/image.png" width="203" /></a></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: 24px;"><br /></span></div><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span><span style="font-family: times; font-size: large;">C'est dans une sorte de réalisme fantastique que nous entraîne <b>Étienne Ruhaud</b> dans son livre, "Animaux". On croit d'abord à un court traité de zoologie, très précis dans ses descriptions. puis on se dit que ces animaux sont tout de même étranges. Il n'est pas donné tous les jours de rencontrer des bégons, des bôlces, des braïns ou des caloplans. Et l'on comprend soudain que Ruhaud est l'inventeur particulièrement créatif d'animaux imaginaires, souvent atteints de gigantisme. Mais il peut lui arriver d'évoquer des animaux existants, tels le bourdon, l'escargot de Bourgogne ou le crabe tourteau auxquels il prête une taille préhistorique et des mœurs déroutantes. Avec humour, dont on devinera qu'il est de préférence de couleur noire, il nous invite à pénétrer dans un monde inquiétant où toutes les extravagances, comme on les aime, sont permises. Prenez les kraps : <i>"Leur corps marron et pustuleux forme une boule. Seul le haut dépasse. Deux yeux rouges et une gueule plissée en une moue permanente, d'où sort parfois une langue en forme de laisse pour gober ce qui passe, ce qui nage ou ce qui vole : rongeurs, poissons, grenouilles, libellules et petits oiseaux. Toutes bestioles avalées dans un gargouillement."</i></span></span></p><h2 style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;">Si ces horrifiques créatures, qui apportent la preuve formelle que le Diable existe, sont souvent menaçantes, il appartient pourtant à l'homme d'en tirer quelques bénéfices. Ainsi du bourdon, dont "le corps mesure environ un mètre cinquante : </span><span style="font-weight: 400;"><i>"Sanglé, sellé, l'animal fait la joie des enfants qui le montent, pour des promenades aériennes autour des volcans, par-dessus l'onde. Des circuits permettent aux jeunes touristes d'explorer les îles à dos de bourdon, des bouchons dans les oreilles et un casque sur la tête, par mesure de sécurité…" </i>On pense au Michaux de "Mes propriétés", avec je ne sais quoi dans le style de Lautréamont.</span></span></h2><div><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><br /></span></span></div><div><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;">EXTRAIT :</span></span></div><div><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><br /></span></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><i>LES BOURGOGNES</i></span></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><i><br /></i></span></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><i><br /></i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><i>Énormes escargots tachetés, ocres.</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><i>Inodore, leur bave argentée s'étale dans la forêt, le long des chemins, et colle aux chaussures, aux pattes des bestiaux.<br />Ils consomment des champs entiers. Les paysans élèvent donc des murs, disposent du grillage, usent de poudre, ou les tuent, parfois d'une balle entre les cornes.</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span style="font-weight: 400;"><i>Non comestible, leur chair visqueuse et grise sert d'engrais. Vidée, nettoyée, coincée entre les pierres, leur coquille, elle, sert de niche, ou d'abri pour les bergers.</i></span></span></div><div><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><span style="font-weight: 400;"><br /></span></i></span></div><div><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><span style="font-weight: 400;"><br /></span></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><span style="font-weight: 400;">...</span></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><span style="font-weight: 400;"><br /></span></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><span style="font-weight: 400;"><br /></span></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><span style="font-weight: 400;"><br /></span></i></span></div><div style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-LzaFV9pmbW4/YAcmrVUdAII/AAAAAAAACkw/5g5d14DBSXg8hFMjH4t3Z6RIrcdvjEEeQCLcBGAsYHQ/image.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="250" data-original-width="204" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-LzaFV9pmbW4/YAcmrVUdAII/AAAAAAAACkw/5g5d14DBSXg8hFMjH4t3Z6RIrcdvjEEeQCLcBGAsYHQ/image.png" width="196" /></a></div><br /><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: center;"><br /></div></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;">Le monde dans lequel nous vivons est atteint de démence, chacun en conviendra aisément. Cette maladie-là est difficilement soignable et elle se répand d'une manière exponentielle par l'intermédiaire des médias et surtout des réseaux sociaux. Si l'on pouvait croire encore au siècle dernier, à la suite de Hegel, que le "faux est un moment du vrai", ce n'est plus possible aujourd'hui. Il faut se rendre à l'évidence : le faux est un moment du faux. Les technologies les plus sophistiquées qui étaient censées nous soulager des contraintes administratives et de bien d'autres maux peuvent s'avérer périlleuses et nous entraînent souvent dans des labyrinthes inextricables où il n'y a même pas une "Ariane" pour nous montrer le chemin. Dans ces systèmes, personne ne parle à personne : un haut sommet de l'aliénation sans visage.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;">Dans "L'amateur de billes", <b>Bernard Ascal</b>, qui est par ailleurs peintre et chanteur – il interprète notamment de grands poètes tels que Césaire, Senghor, Soupault, et compose des chansons, comme celles parues récemment en CD du "Gai Désastre" –, pousse les aberrations de la société jusqu'à ses extrêmes conséquences, du moins dans l'imaginaire dont on se surprend à penser que cela pourrait, presque, être la réalité de demain. Le préfacier, qui n'est autre que Claude Louis-Combet, n'a pas manqué de souligner le caractère hilarant et grinçant de ces nouvelles, Comme il se doit dans ce monde aseptisé, les personnages sont des solitaires, confrontés à des situations extravagantes que je ne souhaite à personne. Voilà un jardinier qui vaque à son occupation favorite quand, soudain, une jambe et un bras lui sont enlevés, coupés net, une sorte de contribution corporelle à la troisième guerre mondiale en pleine effervescence. Ou encore un "agité" qui ne s'intéresse qu'à son tronc qu'il muscle, bizarrement, en prévision de son suicide. Et que penseriez-vous d'un individu qui se serait vendu "en viager" ? La nouvelle "L'amateur de billes" qui donne son titre à l'ensemble nous fait pénétrer dans l'univers secret d'un collectionneur de ces "petites sphères colorées" ou mieux encore celles en terre cuite. Son nom : Amédée Boulette ! Je n'en dirai pas plus. Mais en voici un extrait :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>"Chaque fois que les conditions météorologiques le permettent, je pars en chasse. Je poursuis notamment des investigations systématiques dans les bacs à sable des jardins publics de la ville. J'attends la tombée du jour, le départ des bambins et des nounous puis celui des gardiens après la fermeture des grilles. J'enjambe prestement la clôture et gratte frénétiquement jusqu'à la nuit noire avec un piolet dans l'espoir de trouver quelque égarée. Je suis équipé d'une lampe frontale – dont je n'use qu'avec la plus extrême prudence afin de me pas attirer l'attention – pour contrôler la nature de chaque noyau dur qui se présente sous mes doigts. Il m'arrive fréquemment et cela est une grande mortification, de saisir à pleines mains, dans la semi-obscurité, des déjections de chat ou de chien recouvertes d'une fine pellicule de sable..."</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;">...</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: right;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-KWrXO_f5Cmw/YAcjdnovolI/AAAAAAAACkk/tgV8b2202BsKazwkzOBJyp05NMqr6VmyQCLcBGAsYHQ/image.png" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="" data-original-height="195" data-original-width="258" height="211" src="https://lh3.googleusercontent.com/-KWrXO_f5Cmw/YAcjdnovolI/AAAAAAAACkk/tgV8b2202BsKazwkzOBJyp05NMqr6VmyQCLcBGAsYHQ/w254-h211/image.png" width="254" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Louis Scutenaire<br />(source Wikipédia)</td></tr></tbody></table><br /><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;">Et puisqu'il s'agit ici d'humour, terminons par quelques aphorismes de <b>Louis Scutenaire</b> ce grand poète du surréalisme belge qui se disait "ni poète, ni surréaliste, ni Belge", mais affirmait haut et fort qu'il était Scutenaire. Ils sont extraits de "Mes inscriptions" (1945-1965) :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Des penseurs qui se grattent la tête on dit qu'ils se la creusent.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Je résous maintes questions en ne me les posant pas.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Bien sûr qu'il est parfois de grands signes dans le ciel : les nuages.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>La cause ne justifie pas les effets.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>L'homme tient pour intelligence l'usure de ses facultés d'indignation.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Je m'étonne toujours de la facilité avec laquelle on se met à employer l'imparfait à propos d'un ami que l'on vient de perdre.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Une chemise âgée de cinq ans.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Il y a des gens dont je pense tant de mal qu'il est inutile que j'en dise.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>La Liberté, ce n'est pas la mienne.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Le réel n'a pas de contraire.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>L'homme a passé du règne de l'absurde au règne de l'absurdité.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Bien plus qu'un raté, je suis un rateur.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Je me suis retiré dans ma peau d'ivoire.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Je suis un grand séduit.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Regarde cet homme important qui court sous un manteau en poils de coq.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Quelle résignation chez l'optimiste !</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Je commence toujours par désespérer pour m'apercevoir ensuite que j'ai eu bien raison.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Je peux voir la vérité en farce.<span> </span></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>La raison est une béquille qui se prend pour une jambe.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Si un chien aboie après toi, est-ce que tu te mets à aboyer après lui ?</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>Il arrive que ce soient les oreilles qui ont des murs.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>...</i></span></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i> </i><b> <span> </span><span> </span></b>Alain Roussel<br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i>...................................................</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;">- "Animaux", d'Étienne Ruhaud, a été publié par les éditions unicité (2020)</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;">- "L'amateur de billes", de Bernard Ascal, a été publié par les éditions Rhubarbe (2020)</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;">- "Mes inscriptions" (1945-1965) a été publié par les éditions Allia (1984)</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><i><span style="font-weight: 400;"><br /></span></i></span></div><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: large;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times;"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times;"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: times; font-size: 18pt;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: "Garamond",serif; font-size: 18pt;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><span style="font-family: "Garamond",serif; font-size: 18pt;"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><br /></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;"><br /></p>Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-13459234551035186592020-08-22T10:24:00.004+02:002020-08-22T10:24:50.802+02:00Journal de lecture : Fenzy, Droguet, Pons<br /><div><br /></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5">Je reprends mon journal de lecture, toujours avec le désir d'aller à l'essentiel de ce que je ressens, et sur le vif, sans ces longs détours que trop souvent l'on s'inflige pour parler d'un livre, surtout quand il s'agit de poésie. Le poème est le lieu d'une respiration tantôt ample, tantôt hachée, saccadée, hésitante. Ce n'est parfois qu'un mince filet d'air, mais qui peut se révéler d'une grande pureté vivifiante. Il y a une certaine tonalité et c'est celle-ci que je veux rendre ici en quelques phrases pour les écrits dont je parle. Sur mon blog, le temps n'a pas de prise. Si je veux évoquer un livre récent, je le fais. S'il est plus ancien, je le fais aussi. Je ne suis pas tenu aux modes commerciales actuelles qui voudraient obstinément et non sans mépris qu'un livre chasse l'autre, pourtant à peine édité. Comme précédemment, je ferai la part belle aux extraits.</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: center;"><font face="times" size="5">.....</font></div><div style="text-align: center;"><font face="times" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: center;"><font face="times" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-lgphoGOCdBk/Xz_6rVMbP7I/AAAAAAAACVA/U1b4eo0Hbd0BWqs0EQuOHR02MBbfcMyQwCLcBGAsYHQ/s285/Fenzy.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="285" data-original-width="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-lgphoGOCdBk/Xz_6rVMbP7I/AAAAAAAACVA/U1b4eo0Hbd0BWqs0EQuOHR02MBbfcMyQwCLcBGAsYHQ/s0/Fenzy.jpg" /></a></div><font face="times" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-large;"><font face="times">Dans <i>"La Minute bleue de l'aube"</i>, d'Estelle Fenzy, il y a cette présence immédiate au monde, à ce moment qui hésite encore entre la nuit et le jour. </font><font face="times">On est dans une sorte de rêve éveillé où reviennent, avec les ombres du sommeil, des souvenirs, ceux des disparus, et avec eux la nostalgie de l'enfance où tout est à découvrir. Et précisément l'aube est comme l'enfance. Elle renaît chaque jour dans une sorte d'innocence que l'auteure aimerait retrouver en elle, accéder ainsi à une nouvelle naissance, aidée en cela par la maïeutique de l'écriture. Cette "minute bleue", c'est aussi une minute pour soi-même, dans la solitude du matin, une fenêtre mentale qu'Estelle Fenzy ouvre dans l'attente de l'aube, les sens aux aguets, mais attentive aussi à ce qui vient de l'intérieur. </font><font face="times">Son livre est composé de très courts poèmes qui rôdent aux abords du silence, parfois dans l'esprit des haïkus par ce désir de capter en quelques mots l'éphémère, la vie qui passe et qu'elle cherche, tels les "pescalunes" de la légende, à retenir dans les filets de l'écriture. </font></span></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><i><font face="times" size="5"><br /></font></i></div><div style="text-align: justify;"><i><font face="times" size="5">EXTRAITS :</font></i></div><div style="text-align: justify;"><i><font face="times" size="5"><br /></font></i></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>La pluie tombe en fagots</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>Je les réunis</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>Le soleil levant</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>allume un grand lac de joie</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>...</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>Cette connivence</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>avec la nuit</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>vient-elle du noir</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>Comme elle</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>je suis l'ombre de l'ombre</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>qui se tait</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>...</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>Chaque matin</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>ce défi de l'approche</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>du commencement</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>où tout est possible</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>...</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>Que</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>jamais un poème</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>si beau soit-il</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>ne remplace</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>l'incessant voyage</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>de ton silence</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>...</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>Et je rends grâce au bleu</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="times" size="5"><i>de se laisser nommer ciel</i></font></div><div style="text-align: justify;"><i><font face="times" size="5"><br /></font></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><i><font face="times" size="5">.....</font></i></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><font face=""><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Ngo6zzUTAV0/Xz_6y8tqiTI/AAAAAAAACVM/fzYBzktW8CQE0lhF7-M92tcJW8kowiFjACPcBGAYYCw/s250/Droguet1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="166" src="https://1.bp.blogspot.com/-Ngo6zzUTAV0/Xz_6y8tqiTI/AAAAAAAACVM/fzYBzktW8CQE0lhF7-M92tcJW8kowiFjACPcBGAYYCw/s0/Droguet1.jpg" /></a></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><font face=""><br /></font></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><font face=""><br /></font></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><font face=""><br /></font></span></div>Ne vous attendez pas, avec Henri Droguet, qui a par ailleurs publié plus d'une trentaine de livres, notamment chez Gallimard, à une lecture de tout repos. Vous n'y trouverez pas en effet, avec ce nouveau livre, <i>"Grandeur nature"</i>, la paix de l'esprit. Dès les premiers mots, il vous bouscule, vous harcèle d'adjectifs qui se succèdent à grande vitesse et vous entraînent, par des siphons phonétiques, dans une tornade. Vous voilà arrachés du sol, toutes assises suspendues, et livrés à des figures de style, telle l'anacoluthe, qui ne servent pas à consolider le "discours" mais à le dynamiter savamment, vous laissant en plein désarroi. Cette offense faite au sens, ces ruptures même, ont le pouvoir, en même temps qu'ils vous prennent au dépourvu, de vous rendre joyeux, tant la poésie, chez Henri Droguet, est une fête. C'est une sorte</font><font face=""> d'invitation à un Gai Savoir et vous vous surprenez mentalement à danser avec délectation dans le désastre. </font><span>C'est que, pour Henri Droguet, le monde est un chaos. Il ne le pose pas d'emblée comme une condition préalable à l'écriture – rien de "réaliste" chez lui –, même si les poèmes de cet armoricain évoquent fréquemment la mer, le ciel et le vent. Tout part des mots qu'il collectionne avec gourmandise et qui peuvent aussi bien provenir d'une conversation ou d'une lecture. De leurs relations, des rapports de sympathie ou d'antipathie, de rapprochement ou d'éloignement, voire d'indifférence, qu'ils établissent entre eux, selon aussi le hasard et le choix de l'auteur, jaillissent en premier jet de très courts poèmes. C'est à partir de ces fragments qu'en architecte du Verbe il va construire son univers, y glissant "délibérément des ruptures, des trous, des lacunes, de l'indécision tonale, en bref du désordre", faisant ainsi écho à celui dans lequel nous vivons, en quête perpétuelle d'un équilibre instable entre cosmos et chaos. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5">EXTRAITS :</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>QUATUOR N°3</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>Tout en chaos croustillé</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>chancreux bouillu cuivreux</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>seuil feuilleté touillis</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>de soies opale et mauves</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>brèche d'or plumetée barbichue</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>tricotis et remaillures<span> </span></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>c'est que ça le ciel chaos de boue mixeur</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>polychrome sorbetière où le gris</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>le bleu ardoise horizon l'or</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>miellé plombagineux infusent perfusent</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>les congélations lumineuses des ombres</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i>et rouge à mourir Bételgeuse</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i><br /></i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i> (28 mars 2013)</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: times; font-size: x-large;">GRANDEUR NATURE</span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: times; font-size: x-large;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>le vent machine à découdre</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>bigorne et déglingue</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>l'aveu aveugle règne</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>l'ombre ne pèse rien</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>là-bas le grand foutoir cabossé</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>sauvage et tonnant</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>l'océan cogneur rogue</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>implose étrille estampe</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>métronomique inexorable</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>il monte</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>c'est tout jour et l'or à la grève</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>dans la lumière plombée diffuse</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>et des îles au loin qui sont nos rêves</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>dans la coulisse un ange exilé</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>serre dans son panier trois nuages</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>(un noir, un blanc, un rouge)</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>souffle dans sa trompe</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>gamme légère fluide heureuse</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>vivante absolument métaphysique</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>une ondée susurre au matin caillé</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>dans un arbre en bataille</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>il a plu plu replu</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>il repleuvra</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i> (6 octobre 2019)</i></font></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-large;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div></i></font></div><div style="text-align: center;"><font face="" size="5"><i>.....</i></font></div><div style="text-align: right;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: right;"><font face="" size="5"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-EFR8Ktr9RVk/Xz_-pxD27qI/AAAAAAAACVY/cNJtCqwkaDIOdDfGk_okYdKfE0XsJV5iACLcBGAsYHQ/s266/Pons.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="189" src="https://1.bp.blogspot.com/-EFR8Ktr9RVk/Xz_-pxD27qI/AAAAAAAACVY/cNJtCqwkaDIOdDfGk_okYdKfE0XsJV5iACLcBGAsYHQ/s0/Pons.jpg" /></a></div><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5">Peut-on conjurer la mort ? C'est impossible. René Pons le sait. Il cherche seulement à l'affronter, peut-être à l'adoucir avec ses mots à lui, à lutter par la beauté de la langue contre l'inévitable décrépitude. Avec <i>"Dédale"</i>, il poursuit son chemin sans espoir dans le labyrinthe qu'il s'est lui-même construit, sans doute pour se protéger au fil du temps d'un monde qui lui-même n'a pas d'issue, sinon celle d'une plongée finale dans le néant. Le ton est à l'imprécation, dans une atmosphère apocalyptique où la ruine menace, certes en soi, mais aussi en dehors de soi. René Pons ne pardonne rien au mensonge, y compris le sien, face à la vie qui s'évertue à chaque instant à nous faire autre que nous sommes. On a pu lui prêter parfois une sorte de méchanceté, mais comment un écrivain pourrait-il être vraiment méchant avec une telle écriture, d'une grande limpidité ? Il s'agit bien plutôt d'une tendresse retournée, et s'il s'en prend à tous ces "sachants" et à tous ces hypocrites, comment pourrait-on lui donner tort, surtout en ces temps où cette faune règne sur toutes choses ? La langue jaillit des tréfonds et c'est aux entrailles qu'elle nous prend. </font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5">EXTRAITS :</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>Non, non ne vous arrêtez pas, ne corrigez pas ce que vous dicte la voix des Moires. Ne vous arrêtez pas, marchez, marchez à l'intérieur de votre oreille, marchez tous les sens fixés vers ces messages qui viennent d'en bas. Laissez derrière vous la voix coupante de ceux qui savent et qui assassinent le monde. Marchez au milieu des pierres en forme de cerveaux, le long des gorges serrées creusées par des millénaires de bêtise. Ne vous arrêtez pas, surtout ne vous arrêtez pas : poursuivez, imperturbable, votre exil.</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>Savoir finir, oui, savoir écouter le temps qu'il faut mais pas plus, puis, toutes affaires cessantes, marcher vers la conversation des arbres en attendant l'orage qui ne saurait tarder. Autrement dit, fuir, en restant dans l'ordinaire, en y suivant les sentiers invisibles qui s'ouvrent sans cesse dans sa géométrie vers des territoires que les autres ignorent : ces grottes humides de l'inquiétude au fond desquelles on espère trouver les restes d'une sagesse absolue.</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>Ce qu'il cherche : le silence des intervalles. Musique du rien sur les rives du bavardage. Écho d'une pensée qui se dissipe, d'une vapeur de rêve. Mutisme de la roche sans visage. Soudain la haine des vivants plus morts que des cadavres. Serrer ses tempes dans ses mains pour ne pas entendre le cri jaune de celui qui ne veut pas regarder la tentation du fleuve. S'enfuir du dédale où sévit l’œil atone.</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: center;"><font face="" size="5"><i>....</i></font></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: x-large; text-align: right;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: x-large; text-align: right;"><i> </i>Alain Roussel</span></div><div style="text-align: center;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: center;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: center;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>- "La Minute bleue de l'aube", d'Estelle Fenzy, a été publié par La part commune en avril 2019 (prix : 13€)</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>-"Grandeur nature", de Henri Droguet, a été publié par les éditions rehauts en juin 2020 (prix : 16€)</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i>- "Dédale", de René Pons, a été publié par le Réalgar en juin 2020 (prix : 10€)</i></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><font face="" size="5"><i><br /></i></font></div><div style="text-align: justify;"><br /></div>Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-91067045244248671602020-06-22T18:26:00.003+02:002023-07-19T23:17:23.490+02:00Petr Král, la voix des lieux et des choses s'est éteinte<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-O5Sv94Sku44/XvCHMGs9o0I/AAAAAAAACQY/_0NbX-oaB0YnuMSWtkVp2yXZFSr83oZ-ACLcBGAsYHQ/s1600/Petr%2BKr%25C3%25A1l.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="190" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-O5Sv94Sku44/XvCHMGs9o0I/AAAAAAAACQY/_0NbX-oaB0YnuMSWtkVp2yXZFSr83oZ-ACLcBGAsYHQ/s200/Petr%2BKr%25C3%25A1l.jpg" width="142" /></a></div>
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i>
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i>
<br />
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">Adieu, Petr<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 16pt;"> </span>Pour Wanda<span style="font-size: 16pt;"><o:p></o:p></span></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">Passe
le vent<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">il
a emporté l’ami Petr<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">ce
n’est pas vers les étoiles<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">celles-ci
tu les aimais surtout tombant<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">au
bord d’un toit ou dans une flaque<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">« il
y avait l’épave de la Grande Ourse échouée<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"> sur le sommier grinçant du matin »<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">écrivais-tu<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">ton
Paradis était ici <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">comme
un léger flottement <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">parmi
les choses en apparence banales<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">tous
ces petits riens de la vie quotidienne<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">dont
tu savais déchiffrer le vocabulaire<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">dans
d’infimes détails dont la rencontre </span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">créait la surprise<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">tu
nous as d’ailleurs présenté au fil des livres<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">les
divinités tutélaires de ta mythologie personnelle<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">le
pont la passerelle la valise le train les lavabos <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">le
marché l’hôtel la pluie le vide les toits <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">le
mannequin le tournant le topinambour<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">le
rasage le gris les coulisses le barman…<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">à
la terrasse d’un café <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">ou
au cours d’une promenade<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">ton regard était toujours à l'affût</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 21.3333px;"><i>de ces rencontres improbables que tu suscitais</i></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 21.3333px;"><i>dans la matière même du monde</i></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 21.3333px;"><i>entre des objets et des espaces</i></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">la
réalité se mettait alors à murmurer<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">à
parler par ses interstices<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">et
cette rumeur était poésie<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">elle
ne montait pas vers le ciel<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">tu
as toujours eu en horreur l’emphase<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">mais
elle rôdait dans la ville<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">souvent
au crépuscule et sous tes fenêtres<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">c’était
une sorte d’atmosphère<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">avec
« son poids et son frisson »<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">qui
pouvait varier selon les heures et les saisons<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">seul
le mystère concret du monde t’attirait<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">pas
la merveille qui n’était pour toi <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">qu’un
ajout inutile une parure<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">comment
pourrais-je oublier le 10 rue Goublier<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">c’est
là que nous tenions seul à seul<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">jusque
tard dans la nuit <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">nos
« séances métaphysiques » comme tu disais<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">ce
n’était pas un atelier d’écriture<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-a8neH97yFk4/XvDa9zaMIOI/AAAAAAAACQk/QdgQy9W9oIcGMqO9nkt8KSRJ2cnoE5aNACLcBGAsYHQ/s1600/s%25C3%25A9ances%2Bm%25C3%25A9taphysiques%2B001%2B%25282%2529.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1166" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-a8neH97yFk4/XvDa9zaMIOI/AAAAAAAACQk/QdgQy9W9oIcGMqO9nkt8KSRJ2cnoE5aNACLcBGAsYHQ/s200/s%25C3%25A9ances%2Bm%25C3%25A9taphysiques%2B001%2B%25282%2529.jpg" width="145" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">(l'une de nos séances métaphysiques<br />
Petr est de dos)</td></tr>
</tbody></table>
<o:p></o:p></span></i></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">tu
avais horreur de ça<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">et
je ne saurais décrire ce qui se jouait-là<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">je
sais seulement que toi et moi<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">nous
nous préparions pour le rite<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">et
que notre rire désarçonnerait<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">au
cours de nos échanges toutes les postures<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">et toutes les impostures</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">casserait le verre clinquant </span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">de toutes les constructions intellectuelles</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">que l'on croyait définitivement acquises</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">avec
la complicité du vitrier<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">qui
souvent passait miraculeusement <o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">dans
la rue vers minuit<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">en
criant « vitrier » comme il se doit<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">pour tout vitrier digne de ce nom<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">mais
le réel est en deuil<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">il
a perdu son poète<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">on
n’entendra plus ton pas feutré<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">de
piéton métaphysique<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">même
si je sais que te relisant<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">je
referai chaque fois le voyage</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">accompagné </span></i><i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">de
ton rire mélancolique</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;">et d'un regard nouveau.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"> lundi, 22 juin 2020</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-POFOVFz10xc/XvCF-52TkdI/AAAAAAAACQM/s85-ia0P4mMx8slgK5qRTxWtO3rVhPuVgCLcBGAsYHQ/s1600/objets%2B001%2B%25282%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1167" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-POFOVFz10xc/XvCF-52TkdI/AAAAAAAACQM/s85-ia0P4mMx8slgK5qRTxWtO3rVhPuVgCLcBGAsYHQ/s320/objets%2B001%2B%25282%2529.jpg" width="233" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Objets dérisoires que m'avait offert Petr <br />
avant de quitter Paris en 2006. L'intention<br />
humoristique est évidente, la complicité aussi</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 16.0pt;"><br /></span></i></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-d7nEv16c5Lw/XviycFC-Q7I/AAAAAAAACRw/ZY79WGucQI8dH1OU16V0Ea1V_Vq0Wm7WACLcBGAsYHQ/s1600/KRAL%2Bcapture.PNG" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="281" data-original-width="433" height="207" src="https://1.bp.blogspot.com/-d7nEv16c5Lw/XviycFC-Q7I/AAAAAAAACRw/ZY79WGucQI8dH1OU16V0Ea1V_Vq0Wm7WACLcBGAsYHQ/s320/KRAL%2Bcapture.PNG" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Et encore cet objet comme un dernier clin d’œil de ce poète<br />qui aimait surtout la ville et ses détours</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-size: large;">Bibliographie sommaire en France de Petr Král :</span><br />
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span>
- & Cie (inactualité de l'orage, 1979)<br />
- Le surréalisme en Tchécoslovaquie (Gallimard, 1983)<br />
- Routes du Paradis (Bordas et fils, 1981)<br />
- Le Burlesque ou Morale de la tarte à la crème (Stock, 1984)<br />
- Les Burlesques ou Parade des somnambules (Stock, 1986)<br />
- Prague (Champ Vallon, 1987)<br />
- Témoin des crépuscules (Champ Vallon, 1989)<br />
- La poésie tchèque moderne (Belin, 1990)<br />
- Sentiment d'antichambre dans un café d'Aix (P.O.L., 1991)<br />
- Fin de l'imaginaire (Ousia, 1993)<br />
- Le droit au gris (Le Cri & Jacques Darras, 1994)<br />
- Quoi ? Quelque chose (Obsidiane, 1995)<br />
- Le dixième (le Mécène, 1995)<br />
- Aimer Venise (Obsidiane, 1999)<br />
- Le poids et le frisson (Obsidiane, 1999)<br />
- Notions de base (Flammarion, 2005)<br />
- Pour l'ange (Obsidiane, 2006)<br />
- Enquêtes sur des lieux (Flammarion, 2007)<br />
- Vocabulaire (Flammarion, 2008)<br />
- Cahiers de Paris (Flammarion, 2012)<br />
- Accueillir le lundi (Les lieux-dits, 2016 – prix Jean Arp)<br />
- Ce qui s'est passé (le Réalgar, 2017)<br />
- Déploiement (Lurlure, 2020)<br />
- à paraître : Espace (Obsidiane, fin 2020)<br />
<br />
Par ailleurs,<b> Pascal Commère a consacré un bel essai à Petr Král</b>, avec de nombreux extraits, aux éditions des Vanneaux.<br />
<br />
N.B. : tout poète se rendant à Prague ou à Venise prendra plaisir à lire les livres que Petr a consacrés à ces deux villes ("Prague", "Aimer Venise", voir ci-dessus).<br />
<i><br /></i>
<span style="font-size: large;">Quelques extraits de ses œuvres :</span><br />
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<b>Sentiment d'antichambre dans un café d'Aix (P.O.L.):</b><br />
<b><br /></b>
Au bord du monde et de l'été qui le frôle discrètement,<br />
le café plongé dans le calme est lui-même un monde.<br />
Pourtant tout se retire<br />
vers le fond du tableau, là où le jour devient souffle serein,<br />
eau limpide livrée dans les coulisses matinales<br />
au va-et-vient de vagues sans mémoire. Le regard<br />
passe simplement, avance sans effort à travers la salle<br />
déserte<br />
vers la lumière de l'entrée ; vers la couche ultime ou de<br />
nouveau l'on sort<br />
sur le seuil. Tant de non-savoir<br />
insiste fatalement du dedans : du fond où un silence<br />
éloquent couvre tout, même notre incertitude<br />
d'être déjà venu ; de débarquer là pour fuir le foyer<br />
ou l'étendue glaciale de l'exil. Chute vers la liberté d'un<br />
ailleurs<br />
et chute en arrière, vers l'abri. Cela suffit pour ramener<br />
l'espace du jour<br />
à un dimanche étale, à la blancheur froide d'une feuille<br />
vierge<br />
ouverte largement nulle part. Nous sommes là<br />
et ne sommes pas là, comme d'habitude. Le portemanteau<br />
orphelin dans un coin, les quelques tables exposées<br />
alentour<br />
aux faveurs du regard et à la tendresse fugitive des reflets,<br />
ne sont que des balises grâce auxquelles le vaste décor<br />
prend indifféremment ses mesures...<br />
<br />
<b>Le poids et le frisson (Obsidiane) :</b><br />
<b><br /></b>
LE SEUIL, EN MARCHANT<br />
<br />
Doucement maintenant, il suffit de lever le regard vers le ciel gris<br />
au-dessus des arbres, le long du boulevard,<br />
pour sentir monter une tendre certitude :<br />
l'orage va venir. Ce qui nous pousse derrière, la main marâtre,<br />
assassine,<br />
et tout ce qui s'y engouffre dans l'abîme de la nuit passée, avec le fracas<br />
et les cris des guerres,<br />
ne pèse plus. À peine si quelqu'un lève le bras devant nous<br />
et, de l'index dressé, touche un nuage, pour prendre son pouls. Il<br />
suffira d'enfoncer là-bas, plus loin, son peu de poids<br />
dans l'accueillante congère de poussière, de la laisser déborder à peine,<br />
avec soin,<br />
les contours luisants de nos chapeaux, les épaules raides du veston.<br />
L'orage sera là et nous, entiers, dans ce court battement de porte contre<br />
le cadre,<br />
à jamais pris dans notre misère et déjà dehors, ensemble et seuls.<br />
À chaque pas de plus vers l'avant,<br />
c'est l'orage lui-même qui s'y lève, va vers nous. Déjà dans l'ombre<br />
du passage, sur un éventaire,<br />
le jouet en plastique lui d'un jaune cru et hilare<br />
au milieu des bananes entassées.<br />
<br />
<b>Accueillir le lundi (Les lieux-dits) :</b><br />
<b><br /></b>
SE SURPRENDRE<br />
<br />
"La vie est moyennement drôle<br />
d'autant que c'est notre seul bien"<br />
dis-tu en toi-même<br />
<br />
Il est midi un dimanche tu t'apprêtes à te laver dans la salle<br />
de bains<br />
pensant à la petite taille de V.R. comme si là-bas au loin<br />
elle rentrait encore davantage dans la terre<br />
tu entends la rumeur vide des boulevards périphériques<br />
tard dans la nuit quand l'ultime cri s'y est éteint<br />
tout comme le tintement d'une lame de couteau contre le bord<br />
du trottoir<br />
<br />
Dans la petite corbeille accrochée au mur pointent en tous<br />
sens<br />
contre le blanc du carrelage des brosses à cheveux des peignes<br />
et des ciseaux formant un importun bouquet d'objets<br />
<br />
<br />
<b>Ce qui s'est passé (le Réalgar) :</b><br />
<b><br /></b>
Quand après un interminable dimanche vint enfin<br />
le lundi il fallait cette fois un peu freiner<br />
l'écoulement du temps<br />
<br />
Ce n'est que jeudi où il redevenait possible<br />
de lever la tête et partir d'un pas plus décidé<br />
n'était la perspective du samedi et de sa fin désastreuse<br />
(la tête au trou ou dans le seau à glace)<br />
<br />
le dimanche suivant heureusement se termine par un<br />
crépuscule<br />
où les filles marchent sur l'autoroute en escarpins à hauts<br />
talons<br />
(le va-et-vient blanc des cous-de-pied refroidissants<br />
au-dessus du gris froid de l'asphalte)<br />
et accompagnées de leur bruit changent en dames distantes<br />
<br />
<br />
<b>Déploiement (Lurlure) :</b><br />
<b><br /></b>
CAFÉ SCHWARZENBERG<br />
<br />
À la surface des miroirs du célèbre café<br />
ne remonte plus le zeppelin gras et blanc<br />
d'une fumée de cigare Seuls les serveurs sont toujours en noir le<br />
vice caché ne cesse de pointer<br />
en poil vert vif au fond tapissé du décor<br />
<br />
Quand les Russes ont envahi les lieux<br />
à la fin de la guerre ils ont tout détruit avec soin tirant dans la<br />
glace après un coup de mousseux<br />
comme vers le cosmos bâillant (dirait-on) Pas une trace pourtant<br />
n'est restée<br />
de leur passage nul filet rouge n'a taché les gris du stock<br />
chambardé<br />
ni les pages des journaux vite fânés<br />
qui recommençaient à couvrir le marbre des tables<br />
<br />
Les ladies vieillies qui arrivent à présent<br />
n'ont pas davantage le rouge dans leur répertoire<br />
excepté celui des joues d'une alcoolo au large sourire<br />
La veste qu'un gentleman-farmer a mise pour siroter sa bière<br />
est verdâtre façon chasseur les têtes des dames sont encore<br />
hideuses<br />
de diverses façons – un cube aux cheveux teints une longue<br />
mine d'institutrice éducativement pincée – on plonge en chacune pour<br />
y faire battre un peu son propre pouls solidaire<br />
dans une profondeur différente<br />
<br />
Mais il est temps de repartir pénétrer dehors parmi les éclats et<br />
les lumières humides<br />
de la ville du soir comme dans une illusion apaisante un mirage sans<br />
profondeur à peine ondoyant<br />
non il est vrai sans l'espoir du sanglant joyau<br />
d'un bout de viande peut-être d'un os luisant en bleu néon<br />
dans le noir derrière la cuisine<br />
<b><br /></b>
<b><br /></b>
<b><br /></b>
<b><br /></b>
</div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-29965606095534176232020-01-15T19:49:00.003+01:002020-01-15T19:49:44.312+01:00Journal de lecture : Sándor Weöres<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-v6I8ffDxr-A/Xh9ders_zgI/AAAAAAAACEY/zPzGcgbnTQYDFQ-snDQCKHV5tFSE4nAiQCLcBGAsYHQ/s1600/We%25C3%25B6res.PNG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="616" data-original-width="456" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-v6I8ffDxr-A/Xh9ders_zgI/AAAAAAAACEY/zPzGcgbnTQYDFQ-snDQCKHV5tFSE4nAiQCLcBGAsYHQ/s320/We%25C3%25B6res.PNG" width="236" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Malgré les efforts de Ladislas Gara, Jean Rousselot, Gyula Illyés, et plus récemment Christophe Dauphin et Anna Tüskés ("Les orphées du Danube", aux éditions Raphaël de Surtis), la poésie hongroise est mal connue en France. Il faut donc saluer la belle initiative des éditions érès (collection PO&PSY) qui a publié récemment <i>"filles, nuages et papillons"</i>, des extraits choisis de l'œuvre de Sándor Weöres et traduits par la poète Cécile A. Holdban, de mère hongroise, et qui était tout naturellement la mieux à même de réaliser ce projet. Peu de choses ont été publiées en France de cet auteur pourtant très important dans son pays, à quelques exceptions notables dont <i>"Dix-neuf poèmes"</i>, traduits en 1984 par Loránd Gáspár, Bernard Noël, Ibolya Virág. <i>"Filles, nuages et papillons"</i> est une courte et précieuse anthologie de ce poète, parsemée des encres d'Annie Lacour et présentée dans un petit coffret très esthétique. Ce sont des citations brèves, dans l'esprit de cette collection, mais qui donnent comme une résonance de la quête poétique de cet écrivain. En voici quelques-unes :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>VISION AGRESTE</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>L'oiseau</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>s'envole,</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>derrière lui l'herbe folle se redresse.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>L'EMPREINTE</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La fille de ferme a traversé la route,</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>elle a laissé dans la poussière</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>l'empreinte de ses cinq orteils nus.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>L'ÉTRANGER</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Dans la foule il est seul,</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>mais nombreux dans la solitude.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ÉNIGME</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Je viens d'une forêt</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>où je ne suis jamais allé.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>J'évite une forêt,</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>et j'y habite pourtant.<br />Je vais dans une forêt,</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>où je n'arrive jamais.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>LES FLEUVES</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Les fleuves résonnent l'un dans l'autre</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>paraissent s'entrelacer l'un l'autre</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>abandonnant leur propre déclin</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>sur un chemin d'exil</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>sur un galop imprenable</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>maintenant et pour longtemps encore.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Et quelques aphorismes :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Clef close.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La poussière se hâte. La pierre a le temps.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Cristal de vent.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Ils s'entrelacent dans un miroir sans cadre.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Séparé de face.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La silhouette est immobile, seule son apparition danse.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>................................................................................</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Sándor Weöres : </b><b style="font-style: italic;">filles, nuages et papillons, </b>éditions Érès, collection PO&PSY, 12€</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec ce poète, je vous conseille cette interview de Cécile A. Holdban, suivie de son discours à l'Institut hongrois de Paris, le 3 avril 2019, lors de la présentation de ce livre dont on espère qu'il sera suivi par d'autres publications. Voici le lien :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="https://litteraturehongroise.fr/interview-avec-cecile-a-holdban-traductrice-de-sandor-weores/">https://litteraturehongroise.fr/interview-avec-cecile-a-holdban-traductrice-de-sandor-weores/</a></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
</div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-28667492393244860432019-11-21T18:53:00.000+01:002019-11-21T23:52:03.129+01:00Lettre ouverte à René Pons, en réponse à sa "Lettre ouverte au poète Han shan qui vivait au VIème ou VIIème siècle de notre ère".<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Cher René Pons,</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Je viens de lire votre "Lettre ouverte au poète Han shan qui vivait au VIème ou VIIème siècle de notre ère". Je ne suis pas étonné que vous ayez choisi comme destinataire cette figure presque légendaire et inclassable que tantôt l'on rattache au taoïsme, tantôt au bouddhisme tch'an. La solitude intérieure rapproche. Vous ne vivez pas dans une caverne, mais vous aussi vous êtes seul, au milieu de la foule et ailleurs. Comme Han shan, vous avez le goût de la trace discrète et, de votre vie, l'on sait peu de choses. À sa façon, j'ai l'intuition que vous auriez aimé écrire sur les rochers, les arbres ou les murs. Vous ne l'avez pas fait. Mais heureusement que vous avez écrit tous ces livres où vous avez déployé un regard sans concession sur le monde et sur vous-même ! Qu'est-ce que je fais là, cette question vous semblez vous la poser sans cesse, et Han shan se la pose avec vous, et nous aussi. N'est-ce pas la grande énigme de toute vie ? La mort a toujours été votre hantise, surtout celle qui est à l'oeuvre dans l'existence même, regardant le monde et les hommes "derrière ses lunettes noires". Comment résister à cette déchéance qui ronge inexorablement nos sociétés ? Vous n'êtes pas homme à danser dans le désastre. Pas joueur ! Vous avez trop le sens du "profond sérieux de toutes choses, y compris le plaisir et la joie", pour faire semblant. Votre défense, ce sont l'ironie et le sarcasme, mais avec une sorte de gravité. On croit que vous détestez le monde entier. Certains vous prêtent même une méchanceté. On vous connaît si mal ! Toute votre écriture, par son style, montre que vous avez au contraire une haute idée de l'homme, malheureusement mise à mal par la réalité sordide qui lui est faite. </i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Vous partagez avec Han shan la même complicité avec la nature. Dans votre lettre, vous lui écrivez : "Tu t'asseyais devant la grotte où tu avais choisi de vivre, dans cette position qui porte le nom d'une fleur, au pied de la falaise, et immobile, sans penser, tu écoutais les oiseaux qu'accompagnait le murmure d'un torrent dans le fond d'une gorge, tu regardais pousser les feuilles après l'hiver, tu les voyais se rider en été sous l'effet de la sécheresse, puis se diaprer de multiples couleurs et enfin tomber à l'automne, formant un court moment, avant que ne vienne la pluie ou les premières neiges, ce tapis bruissant dans lequel tu poussais tes vieilles sandales de paille..."</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Et vous écrivant cette lettre, je regarde par ma fenêtre : les dernières feuilles accrochées aux arbres attendent patiemment le passage du vent.</i></span><br />
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Alain Roussel</i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>René Pons : </b><i style="font-weight: bold;">Lettre ouverte au poète Han Shan qui vivait au VIème ou VIIème siècle de notre ère </i>(éditions le Réalgar, 4,50€)</span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-35688008920676675662019-10-13T13:11:00.001+02:002019-10-13T13:11:41.998+02:00Journal de lecture : Claude-Lucien Cauët<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Et si l'on parlait d'amour ? Une certaine poésie d'aujourd'hui a déserté ces territoires de braise. Peur de s'y brûler ? Il y va d'un certain climat de la passion qui exige une grande liberté de langage: ne pas avoir peur des mots, se mettre à nu et oser. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> C'est ce que tente Claude-Lucien Cauët dans son livre : <i>La Fiancée vespérale. </i>Comme son titre l'indique, cette fiancée vient sur le soir pour embraser les crépuscules et faire table rase du passé. Il y a dans son long poème une alchimie intime entre deux êtres, corps et pensée : "la fusion à brasier de nos solitudes", écrit-il. Ces deux-là sont unis par un pacte. Leur amour est une magie pour conjurer "l'effroi" du réel et reculer les limites, toutes les limites. L'amoureux a tous les pouvoirs et règne par l'imagination. Le monde n'a qu'à bien se tenir. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Par l'exaltation de sa langue – "un bouquet de vocabulaire jaillit du contact de nos peaux" –, Cauët érotise l'univers entier qu'il relie au corps de la femme aimée. Et c'est comme une danse, celle d'Éros et de Thanatos, au milieu des désastres d'un millénaire déjà agonisant, à peine commencé. La vie réinventée par l'amour, c'est ainsi que je ressens ce livre. </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Claude-Lucien Cauët l'a publié par ses propres moyens, le vouant ainsi à une circulation très, trop secrète. Un éditeur ?</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-HGo5y3kyLwc/XaME-6F1HeI/AAAAAAAABws/BFYLhpxWH9UHIIWAPw_3ck9wVL0nbUMHACLcBGAsYHQ/s1600/Frontispice%2Bd%2527Alice%2BMass%25C3%25A9nat%2B%25283%2529.PNG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="141" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-HGo5y3kyLwc/XaME-6F1HeI/AAAAAAAABws/BFYLhpxWH9UHIIWAPw_3ck9wVL0nbUMHACLcBGAsYHQ/s320/Frontispice%2Bd%2527Alice%2BMass%25C3%25A9nat%2B%25283%2529.PNG" width="225" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /><br />Frontispice d'Alice Massénat</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>EXTRAITS :</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>à la ridelle de nos vents j'accroche des</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> flammes sculptées à même la chair</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>nous serons marqués au front d'une étoile si</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> lointaine que son acmé ne pourra atteindre</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> nos pénates d'argile</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>la valse hoquette tandis que l'œil tourne au </i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> piquet</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>et nous basculons longuement dans un océan</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> de plumes où les voluptés s'éternisent</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>À la minute alanguie sur le marbre de la</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> chaussée</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>au souffle qui irise le lac</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>nos mains de gentiane s'enveloppent d'un</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> parfum de bois et de mousse</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>marche nuptiale à la mode parsemée de rires </i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> dans nos mandibules déhanchées</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>les canards se moquent</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>les musiciens s'accordent</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>nous cherchons l'égarement des contes</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> enfantins</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>...</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je te montre les chaînes brisées du voleur de</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> feu</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>la pierre à fusil déjà en fleurs</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>le renard scalpé par les ongles de l'hydre</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>le diamant serti dans l'ombre d'une châtaigne</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>il suffit que je te prenne par la main pour que</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> s'éveillent les génies de la taïga qui</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> exaucent tous les vœux...</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>...</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>la syncope congrue balaye le défilé</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je t'emmène à la dérive des océans</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>là où la roche grimpe aux rideaux des nues</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je veux te montrer sur la falaise en débris les</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> restes du festin des rois</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>et si tu flanches aux passages scabreux je</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> saurai te tirer à la sourde faille</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>viens ma recluse d'antan pour une nouvelle</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> année</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>viens te coller à mon rocher de nerfs par ta</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> coquille tendre</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>incruste ta chair en marquant la mienne aux fers</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je t'attends dans mon sampan au coin du</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> suroît déjà</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>viens te dissoudre et m'inonder de feu</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>...</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Né sur la cinquième corde de l'alphabet j'ai</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> ruiné les sauts de l'ange</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>naguère ma brassée était vide et mon cœur en</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> attente de poignard</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>d'un baiser d'encre tu m'as tiré du grabat</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>j'ai les yeux frottés de ta gouaille</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>le monde que nous habitons est à l'aplomb</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> haut</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>créé par la déchirure de la passion</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>nous y brûlons nos vies franches de terreur</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>j'ai déterré pour toi les vases de parfum</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> laissés par la pluie dans sa fuite au cordeau</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>une odeur de palissandre te revêt de sa cape</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> et te vante à tue-tête</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>d'autant que dessous tu ne portes que la</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> cadence de ma main</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>...</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je t'aime à l'aventure qui se raconte dans les</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> ports</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>à l'incendie des palmes pour les sueurs d'avril</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>au gréement des épaves reprises par la marée</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je t'aime à l'aune des meurtres au sang jailli</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>dans les bouges parce que très en verve</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>aux escaliers de terre farcis de pierres</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> philosophales</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je t'aime à l'émeute qui renverse les statues</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>au torrent furieux noyant des troupeaux de</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> buffles</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>à la digue cédant au mascaret pétri de lune</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je t'aime à la lave du volcan qui éjacule au ciel</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> son sperme de cristal</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>par un ébranlement des villes toutes en</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> lumières</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>à l'éclipse qui amuït la faune des savanes</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je t'aime au feu de tes prunelles en ravage de</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> printemps</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>...................................................................................</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> </i>Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Claude-Lucien Cauët : </b><i style="font-weight: bold;">La Fiancée vespérale </i>(aPa, 80 pages)</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
</div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-76717253814361096882019-10-07T00:20:00.000+02:002019-10-07T00:20:50.181+02:00Journal de lecture : Mary-Laure Zoss<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Comment parler de la poésie autrement que par la poésie ? Il y a comme une indécence à gloser plus qu'il ne faut, surtout si le recueil est court et se suffit à lui-même. C'est le cas de <i>Á force d'en découdre</i>, de Mary-Laure Zoss, publié aux éditions le Réalgar. </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans ces proses à forte intensité poétique, dans une "langue brûlée", elle nous crie son "effroi" d'être au monde, cernée par tous ces murs, dedans dehors, "la vie fracturée de partout", et avec en plus l'impression d'être née "l'âme bossue". Elle a mal à son réel, Mary-Laure Zoss. Pourtant, des rêves l'embarquent. La vie est à réécrire et il reste un peu de lumière dans les murs qu'il faut aller patiemment extraire. Et de toute façon les mots sont là pour en découdre et "faire contrepoids, redresser autant qu'il se peut la voussure". </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-8zYGzfVj9ps/XZpnAw6G7jI/AAAAAAAABwA/_sw3p-hBsF8WnJN_jn1VWpyvtu2Z7xTkACLcBGAsYHQ/s1600/%25C3%25A0%2Bforce%2Bd%2527en%2Bd%25C3%25A9coudre.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="267" data-original-width="189" src="https://1.bp.blogspot.com/-8zYGzfVj9ps/XZpnAw6G7jI/AAAAAAAABwA/_sw3p-hBsF8WnJN_jn1VWpyvtu2Z7xTkACLcBGAsYHQ/s1600/%25C3%25A0%2Bforce%2Bd%2527en%2Bd%25C3%25A9coudre.png" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extraits :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>un jour sur deux, tout au moins, on a le cœur tiré hors, d'un coup la douleur nous envoie par le fond, on attend là, dégrisés, béants sous les hautes fenêtres ; fagotés à la diable, on a passé jupes et tricots feutrés, pantalons trop courts, on se récrie contre la lumière arrêtée dans les murs, dans le plafonnier couleur de nicotine, nos corps ne sont plus qu'étuis à brouillard, papier bible autour d'un froid ; à occuper l'intérieur, on s'éprouve si peu habiles, comme à l'emplir de quoi, songeant creux ; d'un rembourrage de sciure ou de l'attirail des rêves, comment s'y prendre pour la combler, cette misère anfractueuse, si seulement, oui si seulement on pouvait s'y instruire</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>.......</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>quand nos contrées sont du nord, de lierre, de limons jaunâtres ; par les vieilles bornes on se carapate, qui croulent dans les talus, par les débris de ciel envasés sous la ronce, vers les hêtres on tire sur la droite, on feinte, voyez-vous ; les trois quarts du temps pour s'extraire, il faut manœuvrer, conjurer comme on peut l'enlisement, tel est notre lot, d'avoir à se tirer sans répit de terres éventrées, on prend la tangente là où les pluies ravinent les fûts tombés, leurs fractures esquilleuses, on ne laisse pas d'aller plus loin, de se dépêtrer des fanges ; jusqu'au déploiement, au-delà du contour, de l'étendue sans nuages</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>.............................................................................</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> </i> Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Mary-Laure Zoss : </b><i>À force d'en découdre</i>, aux éditions le Réalgar<b> </b>(50 pages,10€)</span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
</div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-44564421643766836462019-02-02T14:51:00.002+01:002019-02-02T14:51:37.652+01:00Journal de lecture : René Pons<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://3.bp.blogspot.com/-Mgmj8hVU1g0/XFWdyzzR-SI/AAAAAAAABe8/WrQ1GGOVqqYx8pGTDYSXNywQ0WRpmzgpwCLcBGAs/s1600/Pons.PNG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="286" data-original-width="187" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-Mgmj8hVU1g0/XFWdyzzR-SI/AAAAAAAABe8/WrQ1GGOVqqYx8pGTDYSXNywQ0WRpmzgpwCLcBGAs/s320/Pons.PNG" width="209" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">réf. Montpellier Méditerranée Métropole</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">S'il a publié une trentaine de livres chez différents éditeurs, dont Gallimard et Actes Sud, René Pons est un écrivain discret, loin des "flonflons de la fanfare". Il n'occupe pas les scènes médiatiques ou culturelles, "tant de discours, tant d'enflures". Qu'irait-il y faire ? La poésie est ailleurs et il le sait. Aucun de ses livres, souvent assez courts, ne peut laisser indifférent tout lecteur qui attend des mots autre chose qu'un divertissement. <i>Un ouvrage qui laisse le lecteur en l'état où il l'a trouvé et dont on devine qu'il n'a pas modifié en quoi que ce soit son auteur, est un ouvrage inutile"</i>, écrivait naguère Maurice Nadeau. Aussi ne peut-on que se réjouir de la publication par les éditions <i>le Réalgar</i>, dans la collection <i>l'Orpiment</i>, dirigée par Lionel bourg, de ce nouveau livre de Pons : <i>Gravats</i></span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">, avec des dessins de Jacquie Barral.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ça part d'un rêve, "une ville bombardée ou détruite par un tremblement de terre" et où l'auteur marche, marche sur les gravats, ne sachant ni d'où il vient ni où il va, cherchant seulement un peu d'air pour respirer. Et au réveil la même sensation d'étouffement l'assaille, l'impression d'être plaqué contre un mur. Pour quelle exécution sommaire ? L'exécuteur, il se précise au fil des pages, entre réalité et cauchemar : c'est la mort, la mort drapée dans ses oripeaux, le vieillissement et la maladie. Pons l'observe dans ses agissements machiavéliques et sournois, sur lui-même comme sur la société qu'elle gangrène peu à peu, inexorablement. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Il y a, chez cet "ascète du malaise", une lucidité sans concession, désespérée, sur les fins dernières de l'homme et du monde. Parfois, des moments de bonheur affleurent dans le présent, jaillissant de la mémoire, mais celle-ci "n'est qu'un rêve qui s'efface comme s'effacent les rêves". Il n'y a donc pas d'espoir ? Non, mon ami, il n'y a pas d'espoir. Face à la déchéance, il reste le soupçon, puis la dérision et le rire, un rire grinçant de vieille clé rouillée.</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Curieusement pourtant, on sort réconfortés de la lecture de <i>Gravats</i>. Cela tient à la sombre beauté de l'écriture de René Pons, cette capacité de résistance, de dresser les mots en barricades contre l'imbécillité et la décrépitude. Chaque phrase sonne juste. Elle est peut-être le résultat d'un combat constant contre l'aphasie, mais elle est là, elle nous parle au plus profond et résonne. Et l'on se dit : ce qui est à l'oeuvre dans cette écriture-là, ce n'est pas la mort, mais la vie.</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-CRLzWYcgOG4/XFWekiBfiBI/AAAAAAAABfE/JHm5yVSb-X0gk5M4zkno2ex0TMqsGHFOACLcBGAs/s1600/Gravats1%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1118" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-CRLzWYcgOG4/XFWekiBfiBI/AAAAAAAABfE/JHm5yVSb-X0gk5M4zkno2ex0TMqsGHFOACLcBGAs/s320/Gravats1%2B001.jpg" width="223" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extraits (mais il faudrait citer le livre entier) :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Ne plus lire. Brûler tous les livres. Regarder pendant des heures les étagères vides de la bibliothèque et attendre, attendre en oubliant les bruits du monde. Mais attendre qui ou quoi ? Attendre le surgissement de mots, de phrases, lavés de toutes salissures venues d'autrui. Rêve absurde qui dure le temps d'un éclair : nous sommes irrémédiablement enduits d'une boue mentale malaxée par les siècles ; et parfois, dans une subite appétence de pureté, nous rêvons de nous réveiller aussi nu qu'Adam avant qu'il n'eût mordu le fruit de la connaissance, avant que ne fût amorcée la catastrophe qui bientôt scellera notre fin.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Chaque jour, sans illusions, je bâtis mon monument de poussière. Chaque jour, comme une sentinelle, je me mets à l'écoute après avoir marché dans le silence du matin. Je laisse venir à moi des fragments de phrases qui volent. Je ne réfléchis pas mais, retourné sur moi-même, comme un gant que l'on vient de quitter, je guette des sens cachés que j'amalgame à l'aide de ma salive. C'est la voix du secret que je cache aux autres. La tentative, un instant, de me libérer de la loi. Du regard de ceux qui ne me voient jamais comme je suis, mais comme ils veulent que je sois. La tentative d'entendre enfin ma véritable voix si fragile, ce monument de poussière que je bâtis, sans illusions, chaque jour, et qu'un vent prochain réduira à néant.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Je ne vais nulle part. Depuis longtemps ma boussole est cassée. Je marche à l'aventure à travers un désert ; et au fur et à mesure que j'avance, j'accepte de devenir un autre et de laisser derrière moi le personnage que je jouais. Je ne joue plus aucun personnage. Comme dit la chanson populaire, avec son émotion simple et bouleversante </i><i>: je suis comme je suis. Ici, plus que jamais, je suis seul dans le douloureux bonheur de l'absence au monde. Fantôme de moi-même que j'héberge dans le tréfonds. Je suis seul au milieu des uns et des autres, dans le secret de ma vérité, et les mots qui se tracent, plus que je ne les trace, sont l'empreinte d'une fuite silencieuse que certains peut-être sauront déchiffrer.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Rire au pied du trône, comme un bouffon, en regardant le roi dans les yeux. L'imbécile roi comprendra-t-il ce que signifie ce hennissement de bonheur ? Que nenni : il y a longtemps qu'il ne voit plus dans la profondeur des miroirs. Le mot ridicule n'a plus de prise sur lui, et comment comprendrait-il que le rire est le dernier territoire de liberté de ceux qu'il écrase de sa bêtise ? Il ne peut pas comprendre, il ne comprendra jamais, et il continue, content de lui et de ses maîtresses, à épingler de grotesques dorures sur la poitrine des crétins qui lui servent de piédestal. Entend-t-il seulement le sifflement de bêtise s'échappant de tous ces méritants caoutchoutés dont il vient de percer la baudruche ?</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>..........................................................................</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> </i> Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>René Pons : </b><i>Gravats, </i>avec des dessins de <b>Jacquie Barral</b>, aux éditions le Réalgar<b> </b>(96 pages,15€)</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-67742979986184692252019-01-22T23:01:00.000+01:002019-01-30T09:56:14.924+01:00Journal de lecture : Anne-Marie Beeckman, Diane de Bournazel<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-F1h9giPb7sM/XEdx0P3ly3I/AAAAAAAABeE/kgPPCAbmrmU8Tf81K2v-e8kg_MyOiWNJACLcBGAs/s1600/Beeckman1%2B001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1274" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-F1h9giPb7sM/XEdx0P3ly3I/AAAAAAAABeE/kgPPCAbmrmU8Tf81K2v-e8kg_MyOiWNJACLcBGAs/s320/Beeckman1%2B001.jpg" width="253" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Avec <i>L'amante érectile</i>, livre publié par les éditions Pierre Mainard, <b>Anne-Marie Beeckman</b> nous invite à entrer et nous guide dans une grotte inconnue de l'imaginaire où <b>Diane de Bournazel</b> exerce une sorte d'art pariétal moderne tout aussi mystérieux que celui que pratiquaient nos ancêtres. C'est à partir de ces dessins dont elle reprend le bestiaire, mais très librement, que Beeckman organise son propre rituel poétique, à forte connotation érotique. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Le monde végétal et surtout animal est mis à contribution pour cette célébration d'un climat ardent, désir, plaisir et volupté, avec cette élégance verbale, qui porte haut la métaphore, sous les accents pourtant les plus crus. Tout autre commentaire est inutile. Lisez plutôt :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Ce territoire à ma façon du bourdon aux lèvres des roses.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Brise du mot, dansée par le quadrille des abeilles.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Nom chuchoté du lièvre</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>quand d'icelui s'apprête l'huis.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Nom secret sur les doigts des rainettes.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Pluie de lunules par effraction.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Vaste champ dévasté de ma paume.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Si je t'accepte, je m'ouvre au vent.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Au sanglier agenouillé je peux servir de cimetière.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Dans l'enclos de mon corps livré aux fins dernières, </i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>les bêtes apaisées rafraîchissent leur groin.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-zXNtSySlZs4/XEd5uos1V2I/AAAAAAAABeg/FCpVajIARHUqnJIURtz9yT_wxPHRkJowQCLcBGAs/s1600/becckman2%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1153" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-zXNtSySlZs4/XEd5uos1V2I/AAAAAAAABeg/FCpVajIARHUqnJIURtz9yT_wxPHRkJowQCLcBGAs/s320/becckman2%2B001.jpg" width="230" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Je voudrais des bois de cerf</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>sur un cimier que j'aurais.<br />Le cuir me serait peau,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>je danserais dans la clairière.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Ou bien la hampe sur le long cou des biches,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ou bien le feu follet à l'orée du malheur.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le sinople, gorge de capucin.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Comment fuir la dépouille humaine ?</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Comment marcher sur mes os ?</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Rompre les lacs qui m'ensorcellent ?</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Une grue couronnée survole la sentine.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Demain, demain, et son sabot élégant sur l'aventurine.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-7LPAyAomLus/XEdyW-65XOI/AAAAAAAABeY/tgLzD66c550SY-iJhDeetS3qOWFJn985QCEwYBhgL/s1600/beeckman3%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1111" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-7LPAyAomLus/XEdyW-65XOI/AAAAAAAABeY/tgLzD66c550SY-iJhDeetS3qOWFJn985QCEwYBhgL/s320/beeckman3%2B001.jpg" width="222" /></a></div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Mon cerveau reptilien est creusé de grottes,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>mais dehors, la sélaginelle fleurit.<br />Il y a un troupeau à l'avers de mes ailes,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>naseaux et groins hument le fleuve.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le sang tressaille.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le gnou n'est pas le gnon.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Des frissons parcourent l'échine</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>sous les dents de l'arbouse aigrelette.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La belette plonge son nez dans le plongeon.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Sur la glaise,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>des doigts agiles font fi de mes droits.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le cosmos est cette fleur qui n'attend pas l'été.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Il s'enflamme.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>.......................................................</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> Alain Roussel</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Anne-Marie Beeckman</b>/<i>L'amante érectile, poèmes sur des dessins de </i><b>Diane de Bournazel</b>/éditions Pierre Mainard (60 pages, 22€)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-16660276644417596972019-01-21T21:41:00.000+01:002019-01-30T09:57:30.782+01:00Journal de lecture : Les coleman, "Brève histoire de l'igloo africain"<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-iltSx1lP2Hk/XEYg7tNT4KI/AAAAAAAABdw/AP7mRfDQ7Jkvv6cBUiwu5tFkP8h5bu7QwCLcBGAs/s1600/Les%2Bcoleman%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1021" height="400" src="https://3.bp.blogspot.com/-iltSx1lP2Hk/XEYg7tNT4KI/AAAAAAAABdw/AP7mRfDQ7Jkvv6cBUiwu5tFkP8h5bu7QwCLcBGAs/s400/Les%2Bcoleman%2B001.jpg" width="255" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">C'est un grand plaisir que nous offrent les éditions Le Grand Tamanoir avec la publication de <i>Brève histoire de l'igloo africain</i> de <b>Les Coleman</b>, présenté et traduit par Michel Remy. Cet auteur des plus singuliers est peu connu en France. Comme nous le précise le traducteur dans son introduction, il est l'un des continuateurs du surréalisme en Angleterre. Son tempérament le porte tout naturellement vers l'humour, dans son écriture et ses dessins comme dans sa vie. C'est chez lui une disposition radicale de l'esprit, avec ce qu'elle implique de mise à sac de tous les concepts, des idées toutes faites, des préjugés de toutes sortes, des certitudes. Et comme il n'est pas Anglais pour rien, il pousse souvent l'humour dans ses retranchements logiques jusqu'au nonsense. Les aphorismes dont il nous crible dans ce livre sont comme des récifs dans la mer démontée du sens, et si nous sommes bien sur un bateau il n'y a pas de capitaine. À vous de tenir le cap comme vous pouvez. Et si de toute façon vous vous noyez, ce sera dans un grand éclat de rire.</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extraits :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Un paquet ficelé à l'intérieur.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Un pont ne doit allégeance à aucun des côtés. </i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Un escalier horizontal.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Pouvez-vous nous rendre visite hier.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La copie était parfaite, c'est l'original qui était imparfait.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>le travail d'un point d'interrogation n'est jamais terminé.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Une girafe avec des chaussures à hauts talons.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Deux jambes de bois valent mieux qu'une.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le suicide, c'est quand on divorce de soi.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Il pouvait compter tous les doigts d'une main sur les doigts de l'autre main.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le bateau dans la bouteille a coulé.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Un ventriloque qui a perdu la voix.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Une corde est une échelle sans échelon.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Narine : une partie manquante du nez.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Précaution : il faut laver l'eau avant de la boire.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>une baguette de sourcier pour trouver de l'eau chaude et de l'eau froide.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La mort est le principal mobile des meurtres.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Monter le volume du silence.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Midi et minuit sont voués à ne jamais se rencontrer.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">................................................................</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Les Coleman</b>/<i>Brève histoire de l'igloo africain</i>/éditions Le Grand Tamanoir (100 pages, 12€)</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b><br /></b></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
</div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-36587678179621363172019-01-17T19:56:00.000+01:002019-01-30T09:58:17.802+01:00Journal de lecture : Joël Vernet, Le silence du soleil<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-AuGsDmb139U/XEDLwSh4EDI/AAAAAAAABcs/ehxdOtDR5w4K0RDHQctYIUmUQH6xDa_qACLcBGAs/s1600/Jo%25C3%25ABl%2BVernet%2B%2528photographie%2Bde%2BFran%25C3%25A7oise%2BFressonnet%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="768" data-original-width="1024" height="240" src="https://4.bp.blogspot.com/-AuGsDmb139U/XEDLwSh4EDI/AAAAAAAABcs/ehxdOtDR5w4K0RDHQctYIUmUQH6xDa_qACLcBGAs/s320/Jo%25C3%25ABl%2BVernet%2B%2528photographie%2Bde%2BFran%25C3%25A7oise%2BFressonnet%2529.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Photographie de Françoise Fressonnet</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">C'est de nouveau une sorte de lettre que nous adresse Joël Vernet avec <i>Le silence du soleil</i>, publié par les éditions le Réalgar. Ce voyageur du dedans et du dehors nous entraîne avec lui sur des sentiers buissonniers, les seuls qu'il aime, que ce soit dans les petites ou les grandes distances. Il sait qu'il y a une vie inconnue dans la vie, qui donne le frisson, qu'il y a cette lumière secrète qui se révèle au fil de la marche, de jour comme de nuit et qui éclaire les choses. Heureux qui entend "le silence du soleil", car son cœur s'illumine. Il y a chez Vernet une quête du bonheur dans les sensations fugitives dont il garde le parfum dans sa mémoire pour l'exhaler plus tard dans son écriture. </span><span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;">Cela peut advenir n'importe où, au cours d'une randonnée lointaine, d'une promenade banale, ou là tout près, dans le jardin où il écrit, "en compagnie du grand tilleul, des hibiscus... assis sur la souche placée à l'ombre du sureau où les merles, tant d'autres oiseaux aiment à trouver refuge." Ce poète écrit comme il chemine : avancer, lentement, rapidement, comme ça, sans savoir où il va, avec pour seuls guides l'intuition et l'émotion, et soudain bifurquer, passant d'un seul coup de l'espace au temps, nous livrant ses souvenirs, faisant vivre au présent la nostalgie. Vernet pense avec son cœur. Aller vers les autres, dans la vie ou dans l'écriture – pour lui c'est presque la même chose –, est l'une des marques de son tempérament. Son ami de toujours, Jean-Gilles Badaire, l'accompagne somptueusement par ses peintures, autre voyageur qui cherche à fixer ici, en onze "tableaux", une fleur de lumière dans les ténèbres.</span><br />
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-4GxSW1i5q_I/XEDNzCZdD-I/AAAAAAAABc4/TK5h87RtVwYVLcjfduFFr8dlKIwQgILpACLcBGAs/s1600/Le%2Bsilence%2Bdu%2Bsoleil%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1098" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-4GxSW1i5q_I/XEDNzCZdD-I/AAAAAAAABc4/TK5h87RtVwYVLcjfduFFr8dlKIwQgILpACLcBGAs/s400/Le%2Bsilence%2Bdu%2Bsoleil%2B001.jpg" width="273" /></a></div>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;">Extrait :</span><br />
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><i>Le murmure de ces voix rencontrées partout dans le monde, très rarement des regards de haine, des gestes les plus infimes, les plus faibles, oui, oui, la souplesse infinie de la vie si fragile, ce basculement, ce corps qui se redresse, réapparaît, refuse la défaite, cherche quelque chose qui est sans doute de la joie, mot maudit aujourd'hui par les froids ténors du concept à tout crin, le concept se voulant le maître de tout. Aux discours pompeux, nous avons toujours préféré le grondement de l'orage, l'éclat du soleil sur les pierres, l'infini de la mer, les rires dans des arrière-cours à l'autre bout du monde, et la haute pensée des yeux qui n'est jamais en sommeil. Oui, l'accueil, l'écoute sont peut-être cette pensée du cœur, le diamant de chaque phrase, le souffle grâce auquel naît toute forme nouvelle. Où est le souffle, la poésie, cette lumière si vive qui fait trembler le monde, comme un oiseau sur un fil ? Virages des routes, talus, trottoirs, visages, corps, maisons, façades, espaces, rails, terrains vagues, bêtes, objets, musiques, toute cela dans la tête du promeneur, du marcheur, de jour comme de nuit, partout et toujours, de celui qui sait aller "incognito" dans le noir de la nuit et sous l'éclat du soleil."</i></span><br />
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: large;">....................................................................</span><br />
<br />
<br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Joël Vernet/</b><i>Le silence du soleil/ </i>éditions le Réalgar (65 p., 12€)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<br />
<br />Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-35335893220605737272019-01-10T23:26:00.000+01:002019-01-30T09:59:39.007+01:00Journal de lecture : Jacques Josse<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-XjbUh8XDdTM/XDfEMSKo-KI/AAAAAAAABcE/c3s-LeEvbzk7P4caIAisS_44fefmpr6uACLcBGAs/s1600/jacques-josse.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="900" height="221" src="https://1.bp.blogspot.com/-XjbUh8XDdTM/XDfEMSKo-KI/AAAAAAAABcE/c3s-LeEvbzk7P4caIAisS_44fefmpr6uACLcBGAs/s400/jacques-josse.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">C'est à son grand-père réinventé – il ne l'a pas connu – que s'adresse <b>Jacques Josse</b> dans cette <i>Lettre ouverte au grand-père capitaine</i>, publiée aux éditions le Réalgar. Il avait déjà évoqué son ancêtre dans plusieurs livres, et surtout dans <i>Débarqué </i>(éditions La Contre Allée), mais dans ce fascicule le grand-père devient le personnage central. Comme souvent, Josse a besoin d'ancrages, de temps et de lieu. Aussi reconstitue-t-il comme il le peut, mais d'une écriture précise, la vie de son ancêtre, avec des bouts de mémoire recueillis ici ou là. Comme son grand-père, capitaine au long cours, il est singulier qu'il tienne ainsi une sorte de journal de bord, une façon de lui rendre hommage et d'être complice. Chez Jacques Josse, qui a l'art de ressusciter les vies anonymes, les morts ne meurent jamais. Ils vivent dans la mémoire des vivants. Son grand-père capitaine continue de voyager dans sa pensée et se rappelle à lui à l'improviste, au cours d'une lecture, Segalen, Cendrars et même Michaux, ou un lieu, tels le hameau où il a vécu ou un port d'Europe. En voici les premières lignes :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-wGz5stPZwD8/XDfERq4KDtI/AAAAAAAABcQ/4gk37Gn3nV8Ukd3oOhytp8JqaStrjg9WgCEwYBhgL/s1600/Josse%2B001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="819" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-wGz5stPZwD8/XDfERq4KDtI/AAAAAAAABcQ/4gk37Gn3nV8Ukd3oOhytp8JqaStrjg9WgCEwYBhgL/s320/Josse%2B001.jpg" width="163" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>Tu as beau avoir largué les amarres, et mis le cap sur le grand large, deux ans avant ma naissance, cela ne m'a pas empêché de t'évoquer en faisant comme si je t'avais réellement connu. Je peux même reconstituer en détails tes dernières heures. Ton agonie t'a survécu. Cela se passait dans ta maison, située près de la chapelle de Liscorno, le dimanche 18 mars 1951. La chambre bleue te rappelait les fonds marins. Le temps était à la pluie, et la fenêtre entrouverte. Une ampoule nue se balançait au plafond. Tu soufflais comme un damné, en proie à une sévère crise d'asthme, tout en déclarant à ta femme Francine et à ton fils Édouard, mon père, tous deux de plus en plus inquiets au vu de ton état qui empirait, qu'il était hors de question qu'un médecin mette les pieds dans cette pièce. Tu ajoutais que tu n'en avais jamais eu besoin et que tu n'allais pas commencer, à près de soixante-quinze ans, une carrière de malade en ingurgitant des remèdes aux noms barbares alors qu'une bonne cigarette toutes les heures, deux ou trois verres de vin pendant les repas, plus l'apéritif dominical, ta vie entière était là pour le prouver, suffisaient pour te maintenir en forme. Tu sifflais court, toussais creux, éructais et crachais en respirant de plus en plus mal...</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">..........................................................</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"> Alain Roussel</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Jacques Josse/<i>Lettre ouverte au grand-père capitaine/</i>éditions le Réalgar (25 p., 4,50€)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-24111298350024634942019-01-08T19:37:00.000+01:002019-01-30T10:00:54.040+01:00Journal de lecture : Sanda Voïca<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Trajectoire déroutée</i>, le dernier livre de Sanda Voïca, je l'ai depuis le mois de juin, presqu'à portée de la main, avec l'intention d'écrire une note. Je le prends, le repose, le reprends. J'ai beau faire. Les mots ne me viennent pas. Il y a des souffrances d'autrui qui vous laissent sans voix. Que pourrions-nous ajouter ? Ses mots à elle, Sanda Voïca, suffisent. Ils sont là. Ils disent la descente aux enfers après la mort de sa fille, à l'âge de vingt-deux ans. La déroute. La chute. Se sauver par les mots – jusqu'au mot final, salvateur : <i>me voilà</i> –, en disant au plus juste ce qu'elle éprouve, dans sa chair, dans sa tête, dans sa vie. Il y a cette authenticité qui ne trompe pas. Et aussi terrifiant que cela puisse paraître le lecteur que je suis ne peut s'empêcher de ressentir, malgré le malheur, la beauté simple et vraie qui se dégage de ce livre.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-VPE7LrIPsw4/XDTss-4v1FI/AAAAAAAABb4/Xxx1mk_boGsQrRdSTeHipZ0qu-iUMWx-wCLcBGAs/s1600/Sanda%2BVo%25C3%25AFca%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1082" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-VPE7LrIPsw4/XDTss-4v1FI/AAAAAAAABb4/Xxx1mk_boGsQrRdSTeHipZ0qu-iUMWx-wCLcBGAs/s400/Sanda%2BVo%25C3%25AFca%2B001.jpg" width="270" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Extraits :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>plusieurs fois par jour</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>la fille revient</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>s'empare de moi</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>grappin à plusieurs crochets qui</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>s'enfoncent dans ma chair</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>me soulèvent très haut</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>et me lâchent :</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>je me défais en morceaux.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Quand je me réarticule</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>je mets la fille disparue</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>dans mon échine.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>La première chose dont on veut s'emparer au réveil</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>est l'être le plus profond</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>que la main veut secouer et réveiller aussi.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Alors on prend le crayon</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>et on laboure toute la journée</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>dans un cahier.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>L'œil </i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>n'est jamais qu'œil,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>mais un outil nouveau</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>à chaque fois qu'il trace</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>un signe.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Au plus près de mon ventre noir.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Sans tête.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Bien qu'invisible à moi-même.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Je tâtonne.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Le noir</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>collant</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>m'emporte</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>toute pétrie</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>par son foisonnement.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Je fais le tour de moi-même,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>je me vois de dos.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>La trajectoire devient</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>ligne côtière d'une baie étroite.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>La ligne monte</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>jusqu'aux parois abruptes.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Je suis l'eau claire et froide</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>d'une baie bleu royal.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Dans la nasse du jour</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>je jette une nouvelle nasse</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>et j'y retrouve</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>les nasses des autres jours.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>Dans chacune il y a</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>encore des nasses –</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>celles des jours anciens.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>À la pêche,</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>je n'attrape que des nasses.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i>.........................................................</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i> </i>Alain Roussel</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Sanda Voïca/<i>Trajectoire déroutée</i>/éditions Lanskine (80 pages, 14€)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-74393228968711329972019-01-08T01:17:00.002+01:002019-01-30T10:01:01.829+01:00Journal de lecture : Georges Guillain.<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">On dit souvent de Georges Guillain qu'il est un "passeur" de poésie. Soit ! Il l'est en effet. Mais à condition d'ajouter qu'il est avant tout, essentiellement, viscéralement, un poète, comme nous le montre une fois de plus l'un de ses derniers livres, <i>Parmi tout ce qui renverse</i>, publié aux éditions Le Castor Astral. Son ouvrage est divisé en deux parties : <i>Une histoire d'IL </i>et <i>Quelques poèmes d'IL</i>, jouant ainsi subtilement dans la première sur la notion de temps avec le mot histoire et dans la deuxième sur celle d'espace, de lieux investis par la poésie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Il est intéressant de noter que le pronom personnel "il" sert le plus souvent à introduire une narration, ici d'ordre poétique. Il permet à l'auteur de prendre une légère distance contemplative où il se regarde voir le monde et agir dans le moindre des gestes quotidiens avec "les ustensiles de sa vie". Car ce poète cherche la poésie dans les "choses simples", à l'affût "d'imperceptibles métamorphoses". Il y a une grande douceur dans ces textes et comme une quête du bonheur sans b majuscule dans ce désir de ralentir le temps, la marche incessante des choses, par quelques mots, presque sous la langue pour empêcher celle-ci de mentir. Et même, s'il le pouvait, "ce jardinier de la langue" laisserait "la parole aux choses".</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans la deuxième partie, le "il" disparaît au profit du "on" ou du "nous". Ce n'est plus une narration mais un exercice de pure contemplation de certains lieux visités, Lacoste, Sénanque, Marais de Guines, et surtout les jardins, avec leurs coquelicots, leurs chicorées et leurs agapanthes. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-k6pD9ojZDKg/XDPqL3aeeuI/AAAAAAAABbs/LLTFcQg_bXADGCKPnieSMXBKBAzST67ogCLcBGAs/s1600/Guillain%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1097" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-k6pD9ojZDKg/XDPqL3aeeuI/AAAAAAAABbs/LLTFcQg_bXADGCKPnieSMXBKBAzST67ogCLcBGAs/s400/Guillain%2B001.jpg" width="272" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extrait 1 (première partie) :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Il écoute sous les pierres un murmure de mer</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>blanches et jaunes orties ficaires accrochent</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>quelque début de printemps renouvelant l'arche</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>d'un pont deux pans lessivés de vieil ocre</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>de cinabre d'un peu de craie de crasse belle</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>il passe l'eau dans une espèce de bonheur parmi des</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>épluchures qu'il regarde flotter jusqu'au bout</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>prolongeant le grand air les marbres creux tout l'or</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ici de la cité/mais lui leurré d'aucun désir nouveau</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">d'aucune autre attention </span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">/ à quoi ?</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> qui serait plus réel ou plus beau</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><br /></span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><br /></span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extrait 2 (deuxième partie) :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>(Dans un petit jardin de ville)</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>finalement</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>soir d'hiver</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>vie brute</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>puis non la rose</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ce n'est plus à l'intérieur</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>de l'image gonflée des mille et mille</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>apparences de la pensée qu'il faudra</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>chercher un semblant de maîtrise</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>sur le bourdonnement ralenti des choses</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>cueillir</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ce jour</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ne tiendra plus</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>qu'à un éclair de l'œil</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ce reste précipité de tout le corps fossile</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">.........................................................</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> Alain Roussel</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
Georges Guillain/ Parmi tout ce qui renverse/ Le Castor Astral (145 p, 13€ )</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-24070887335276121142019-01-06T13:06:00.000+01:002019-01-30T10:01:11.709+01:00Journal de lecture : Prieto, Girard, Starck, Chambon<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>C'est comme ça. On accumule les livres reçus. On en choisit quelques-uns dans la pile pour écrire des notes. On en a repéré d'autres, et on se dit : j'en parlerai plus tard. Puis le temps passe et les livres sont toujours là, dans la pile, à attendre. Quelques mots pourtant suffisent, surtout pour les poèmes qui n'ont guère besoin de longs commentaires. En citer un est ce qui convient le mieux : au lecteur de se faire directement une idée. C'est ainsi que m'est venue l'envie d'écrire un journal de lecture que je publierai régulièrement : écrire court mais essayer d'écrire juste, du moins d'écrire ce qu'on ressent. Ces quatre plaquettes que je présente ici sont à tirage très limité.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-a3lFAnxULw4/XDHlaunt32I/AAAAAAAABa0/rlADFa96a0IwWkk8JUwwq9OPJroGyIMrgCLcBGAs/s1600/journal1%2B001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1166" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-a3lFAnxULw4/XDHlaunt32I/AAAAAAAABa0/rlADFa96a0IwWkk8JUwwq9OPJroGyIMrgCLcBGAs/s200/journal1%2B001.jpg" width="145" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Jean-Raphaël Prieto</b> écrit peu. La logorrhée littéraire qui affecte nombre de nos contemporains n'est pas pour lui. De temps en temps il publie une plaquette. La dernière s'intitule <i>Chemin courant, branche morte</i>, dans "la collection de l'umbo", avec un somptueux frontispice de <b>Jean-Pierre Paraggio</b> qui vient par ailleurs apposer sa griffe légendaire au fil des poèmes. Pas de concession au réel, si peu enviable. Nous sommes là dans l'image, avec cette liberté insolente qui vient du surréalisme et sa part d'énigme absolue.</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-9pkA-qOBnnU/XDHlfhSvjhI/AAAAAAAABbE/2E7jOrkYh5A_czFPYPPfdnmMfvRgUwBGwCEwYBhgL/s1600/journal2%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1000" height="200" src="https://2.bp.blogspot.com/-9pkA-qOBnnU/XDHlfhSvjhI/AAAAAAAABbE/2E7jOrkYh5A_czFPYPPfdnmMfvRgUwBGwCEwYBhgL/s200/journal2%2B001.jpg" width="125" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extrait :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Il n'y a pas à envier</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>les marées de fiel de l'honneur</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>ni les beaux yeux de la séduction.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Derrière la lame</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>aux reflets de jambes</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>la pierre</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>aux reflets de seins</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>l'herbe</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>aux reflets de croupes déferlantes</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>la cime des arbres</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>aux reflets de clin d'œil :</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>les branches tiennent à la fois lieu de refuge</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>et de poste de guet</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-s24Rmmm1wSI/XDHlkeUcKTI/AAAAAAAABbI/CmexTmhPpVYpoEhWfLiABQ3QF1lCEE3DQCEwYBhgL/s1600/journal3%2B001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1290" height="200" src="https://4.bp.blogspot.com/-s24Rmmm1wSI/XDHlkeUcKTI/AAAAAAAABbI/CmexTmhPpVYpoEhWfLiABQ3QF1lCEE3DQCEwYBhgL/s200/journal3%2B001.jpg" width="160" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ce sont également des plaquettes que nous livre régulièrement, ou nous délivre, <b>Guy Girard</b>. Ne cherchez pas ces livrets en librairie, vous avez peu de chance de les trouver. À part peut-être <i>Les coulisses du plomb </i>aux éditions Le Grand Tamanoir (2015) et <i>À l'Ouest de l'Enclume </i>(Association "Le livre à dire", 2018), il publie lui-même ses plaquettes hors commerce et les diffusent gratuitement auprès de quelques amis. Cela me le rend d'autant plus précieux que j'y vois un remède salutaire en ces temps de vanité littéraire. D'un voyage en Asie de l'Est, il ramène des poèmes qu'il a écrits à l'encre merveilleuse, d'une écriture en filaments de brume. Voyez plutôt, cet extrait du "Le poème de Longzhou :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Au fil de l'eau se sont soulevées ces montagnes</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>au souffle des chenilles inventant leur envol</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>de papillons sur les tablettes nuageuses</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>des huit immortels</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>le village chavirait presque</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>quand l'oiseleur de murailles</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>annonça l'arrivée du Golem</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>nous avons pris ensemble le repas d'ombres</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>dans le cercle des signes</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>plus agiles que toute mémoire</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Nous avons dansé sur l'échiquier des bambous</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>et un homme est monté dans un arbre</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>accrocher un ruban rouge à l'isthme de la lumière</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-xhoJZSUTZQ0/XDHsDS7J5yI/AAAAAAAABbY/hdtY9N4KYEsg42hOP4TfPuL4W_9AmrYzACEwYBhgL/s1600/journal4%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1129" height="200" src="https://4.bp.blogspot.com/-xhoJZSUTZQ0/XDHsDS7J5yI/AAAAAAAABbY/hdtY9N4KYEsg42hOP4TfPuL4W_9AmrYzACEwYBhgL/s200/journal4%2B001.jpg" width="140" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans <i>Déluge </i>(Les Météores Éditions, 2018), <b>Julien Starck</b> appose</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> </span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">
ses <i>Sceaux </i>d'écriture sur la page, tandis que <b>Jean-Pierre Paraggio</b> vient dialoguer avec lui par l'image avec ses <i>Énigmats</i>. C'est comme un rituel magique pour tenter d'exorciser le monde et s'ouvrir par l'imaginaire à la Vision :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le Vent</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Le Vide</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Les Étendues qu'il Claque</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Veillent l'Homme</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Comme une Tente</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Lumineuse</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Le Vol</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Soustrait</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> La Vue</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> À l'Aile</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Qui frôle</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> L'Air</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Avec une Lenteur folle</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Dans l'air</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Muet</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Une nappe de silence</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Vole</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Dans le Paysage</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Lire <b>Jean-Pierre Chambon</b> est toujours un enchantement. Le légendaire qu'inventent <i>Le Roi errant </i>(Gallimard) ou <i>Zélia </i>(Al Manar) ouvre un chemin dans l'espace et le temps qui invite le lecteur au voyage à travers l'imaginaire. L'homme a encore la capacité de rêver et l'auteur ne s'en prive pas. Dans <i>Noir de mouches </i>(L'auberge des vents, avec des dessins de <b>Philippe Chambon</b>), il doit livrer un combat sans merci contre un terrible ennemi : les mouches. Il faut dire que les circonstances qui les font apparaître, puis pulluler, sont inquiétantes. En effet, des cadavres humains dont elles se repaissent jonchent la rue, de toute évidence en état de siège. Il n'est donc pas étonnant, dans ces conditions, qu'après avoir essayé d'en capturer une, Chambon choisit, après s'être installé à la fenêtre brisée, une solution plus radicale : le fusil!</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-bWU-a7xyOqI/XDHloxJmPcI/AAAAAAAABbM/iNHlYr33yho4fuuyMnmeUyZUWMOj9IcEQCEwYBhgL/s1600/journal5%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1115" height="200" src="https://3.bp.blogspot.com/-bWU-a7xyOqI/XDHloxJmPcI/AAAAAAAABbM/iNHlYr33yho4fuuyMnmeUyZUWMOj9IcEQCEwYBhgL/s200/journal5%2B001.jpg" width="138" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extrait :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>J'ai ôté le cran de sûreté, enclenché le chargeur. La nuée noire s'épaississait encore, dessinant des volutes où vibrionnaient des grumeaux de cendre. J'ai pressé la détente et tiré une première rafale. Le recul de l'arme m'a fait mal à l'épaule. Les corps à terre hoquetaient sous les impacts, pantins sautillant à la cadence saccadée d'une danse macabre. Tandis que les mouches, toutes ensemble, avaient pris leur envol et se dirigeaient maintenant vers moi en une longue colonne verticale. Le crépitement de l'arme ne couvrait pas leur bourdonnement. La trame de leurs sifflements lancinants m'emplissaient le crâne. Les écailles de leurs ailes miroitaient. Les doigts crispés sur la gâchette, les bras secoués de soubresauts, je continuais à tirer. Je visais la face des démons, dont m'horrifiaient les yeux à facettes et les longs poils fourchus hérissant leurs corps. De toutes mes forces tétanisées, je tentais de repousser leur multitude infâme.</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>.....................................................</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Alain Roussel</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-23997699534287921282018-09-20T17:46:00.000+02:002018-09-21T00:08:29.960+02:00"Cours, Mounia, sauve-toi"<br />
<div class="MsoNormalCxSpFirst" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<br /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://2.bp.blogspot.com/-m6hVRqNeaPc/W6O6nBi55pI/AAAAAAAABVU/r6vI6bsvwG4LKiGJsJXsO-WsiahzIDIaQCLcBGAs/s1600/COATRIEUX%2Bcouv.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="569" data-original-width="338" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-m6hVRqNeaPc/W6O6nBi55pI/AAAAAAAABVU/r6vI6bsvwG4LKiGJsJXsO-WsiahzIDIaQCLcBGAs/s320/COATRIEUX%2Bcouv.jpeg" width="190" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Dessin de couverture au fusain et crayon gras <br />
de Mariano Otero</td></tr>
</tbody></table>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Chercheur scientifique, spécialiste de l’imagerie numérique médicale, Jean-Louis
Coatrieux est aussi un poète et un écrivain qui a publié de nombreux livres. Ce
qui étonne c’est la grande diversité de ses approches. Il peut aussi bien
évoquer la Chine, où il se rend régulièrement, que la figure d’Alejo Carpentier
dans un bel essai qu’il lui a consacré chez « Apogée », ou faire
appel à ces grandes voix que sont pour lui Grall, Guillevic, Guilloux, Perros,
Robin, Segalen, dans un livre, « À les entendre parler », qu’il a
publié à « La Part Commune », éditeur qui propose à son catalogue une
bonne dizaine de ses titres. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Celui
qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui, <i>Cours, Mounia, sauve-toi</i>, est un petit livre de 70 pages que l’on
peut qualifier d’inclassable. Si le thème, les migrants, est d’actualité, il n’est
pas ici traité de façon journalistique. L’auteur a choisi une autre voie, celle
du récit écrit à la première personne du singulier et dont le narrateur, ou
plutôt la narratrice, est une petite fille de dix ans, Mounia, qui fuit un pays dévasté par la guerre, dans lequel il n’est pas difficile de reconnaître la Syrie.
Mais ce pourrait être dans d’autres circonstances, en d’autres endroits, et
curieusement le livre nous amène à nous interroger sur une question de
vocabulaire, un mot et son sens : « migrant ». Cette petite
fille en fuite et pourchassée, forcée de quitter le pays de son enfance,
laissant derrière elle des morts qui lui sont chers, la mère, le frère, ne sait
pas où elle va, ne sait même pas si elle pourra s’arrêter un jour, s’il y aura
une fin à son errance. C’est donc cela un « migrant » ? Un
émigré, un immigré, l’on voit très bien ce que c’est. Il y a des lieux où l’on
vit, des points d’ancrage dans l'exil. Mais un migrant, une migrante ? Il n’y a pas de
port d’attache, seulement ce voyage qui n’en finit pas, peut-être pour rien,
avec pour tout bagage une « valise à lanières » et quelques
souvenirs. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">C’est
du moins ce que l’on ressent à la lecture du livre de Coatrieux, et l’on se
sent ému, on est avec Mounia sur des chemins sans fin, à souffrir avec elle, à
espérer et à désespérer. On s’identifie à elle, allant jusqu'à nous souvenir de
la terre natale, avec ses oliviers, ses montagnes de l’Ouest, son puits, et
tous ces visages aimés que nous n’avons pourtant jamais connus. Car il y a
cette magie empathique dans le texte. Cela tient à ce parti-pris : avoir
écrit le récit en vers très courts qui se succèdent par petits groupes, et non
en prose, et dans une grande simplicité de langue : des mots de petite
fille, justement. Du coup, il y a comme un halètement dans cette errance qui
nous entraîne, nous lecteurs, et nous nous surprenons à regarder un monde
pourtant fracassé dans la pureté du regard d’une petite fille et… celle de l’écriture
de Coatrieux.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Enfin,
il y a l’amitié autour de ce livre. La couverture est de Mariano Otero, peintre et fils d’un
réfugié espagnol qui a dû fuir la répression franquiste. Albert Bensoussan, écrivain et traducteur des grands écrivains latino-américains dont Vargas Llosa, en a
écrit superbement la préface, et la postface, non moins intéressante, est de
René Peron, écrivain et sociologue.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Voici
un extrait de "Cours, Mounia, sauve-toi"<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>:<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Mon père<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Son bras sur mes épaules<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Je ferme les yeux<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Nous sommes seuls<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Il sait que j’ai peur<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ne m’attend pas<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Marche<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Je te suivrai<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Sauve-toi, ma fille,<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Sauve-toi<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">J’entends les rires<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Des soldats<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Dans mon dos<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Leurs couteaux<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Achevaient les blessés<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La peur me reprend<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Toujours<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Me saisit les mains<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Le corps entier<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Ne les lâche plus<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Vers où allons-nous,<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Qui nous tendra ses bras ?<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Comment traverser<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les corps rendus<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">À eux-mêmes ?<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les derniers arbres<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Debout<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Un pays commence là<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Derrière ces barbelés<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Où je n’aurai aucun droit<o:p></o:p></span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></i>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></i>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></i>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></i>
<span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> </i> Par Alain Roussel</span></span><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></i>
<span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">........................</span></span><br />
<span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Jean-Louis Coatrieux : "Cours, Mounia, sauve-toi" (75 pages, 12€) :</span></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large; text-indent: 19.85pt;">Éditions Riveneuve</span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormalCxSpMiddle" style="line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 19.85pt;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<br />Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-8563438364408949572018-08-16T01:36:00.001+02:002018-08-16T01:36:31.925+02:00Jean-Claude Leroy : "ça", sur le tranchant des mots<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">S'il a souvent écrit des textes en prose, Jean-Claude Leroy revient depuis quelques années au poème. Ce n'est pas gratuit. Cette forme concise lui permet de dire au plus juste, d'aller au plus direct, au plus nu. Tel un archer, il décoche ses flèches vers après vers, en pluie. Car ce poète est en guerre. Dans son dernier livre, "ça contre ça", publié chez Rougerie, ce n'est pas seulement la société qu'il combat, le "peu de réalité" qu'évoquait naguère André Breton, mais aussi cet ennemi de l'intérieur, ce surmoi qui n'est rien d'autre qu'une façon pour la société de se glisser en nous par l'éducation et le langage soigneusement policé, ce qu'on peut dire et ne pas dire, ce qu'on doit penser ou ne pas penser. Il n'est pas anodin que dans son livre il cite Héraclite qui avait fait de Polemos, la guerre, le "père de toutes choses". Chez Jean-Claude Leroy, l'antagonisme est présent en permanence et donne à son livre une tension particulière:</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: times, times new roman, serif; font-size: large;"><i>Guerre contre guerre</i></span><br />
<span style="font-family: times, times new roman, serif; font-size: large;"><i>pierre contre pierre</i></span><br />
<span style="font-family: times, times new roman, serif; font-size: large;"><i>feu contre feu</i></span><br />
<span style="font-family: times, times new roman, serif; font-size: large;"><i>la mort te renouvelle...</i></span><br />
<span style="font-family: times, times new roman, serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Peut-être cherche-t-il, dans cette opposition poussée à l'extrême, chaque chose contre chaque chose, soi contre soi, "ça contre ça", une harmonie des contraires qui les maintiendrait ensemble, mais distinctement, en un couple inséparable? Ce serait sa manière à lui d'assumer son désespoir ou plutôt son désarroi d'être là, au monde, seul avec sa conscience et avec ce "ça", cette pulsion originelle et fondamentale à être mais qui est contrariée, canalisée depuis l'enfance. Nul doute que Leroy a lu attentivement Groddeck et Freud et essayé d'aller y voir par lui-même. S'il n'est pas un "suicidé de la société", au sens radical d'Artaud, il est un écorché par le dedans, mais vivant, terriblement vivant, par ses luttes, par ces mots avec lesquels il affronte l'incompréhensible, là où d'ordinaire le langage ne pénètre pas. Il essaie de rendre sa propre obscurité lumineuse. S'il y a des aspects psychologiques dans son livre, s'il porte une révolte contre la société, il mène aussi un combat métaphysique, existentiel dont il attend une révélation sur lui-même.</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><br /></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Extraits :</span><br />
<i><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></i>
<i><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">une pluie de questions laboure ton jardin</span></i><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>les saisons recyclent l'angoisse et le pardon</i></span><br />
<i><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></i>
<i><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">ne reste qu'un arbre ensanglanté par l'orage</span></i><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>dont les fruits sont tombés avant d'être mûrs</i></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><i><br /></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>témoin un corbeau s'accroche à la course du ciel</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><i><br /></i></span><span style="font-size: small;"><i>...</i></span></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><br /></i><i>– de quelle énergie suis-je l'objet ?</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>ÇA me vient</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>ÇA se tait</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>ÇA ne s'éteint pas</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>moi seul je meurs</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>ÇA est toujours</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>mais lequel ?</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><i><br /></i></span><span style="font-size: small;"><i>...</i></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><i><br /></i></span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><i><br /></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>je me suis dedans vu écorché</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>et basculant dans l'abîme</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>aussi vieux que vertige</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>vertige originel</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>interdit essentiel</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>connais-toi toi-même</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>et tu mourras pour le vrai</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>tu prétexteras des images</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>des images te léchant la face</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>des images prenant ta place</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>pour ne pas mourir d'impossible</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>de ce néant primordial</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>d'où tu viens</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>big-bang peut-être</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>ou gélatine pseudo-galactique</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>tu ne peux plus tirer la chasse</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>d'être écœuré tu étouffes</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>enfant condamné</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>vagissant perpétuel.</i></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><br /></i><i> </i>Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><i><br /></i></span><span style="font-size: small;"><i>......................</i></span></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><i><br /></i></span><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i>Jean-Claude Leroy</i> : <b>ça contre ça</b> (éditions Rougerie, prix 12 euros)</span><br />
<div>
<span style="font-size: medium;"><br /></span></div>
</div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-67580469216799738722018-08-06T00:57:00.001+02:002018-08-06T06:56:58.384+02:00Paysage de Bretagne, les jeux du réel et du rêve<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-eda3OkS0idw/W2d9eZktXNI/AAAAAAAABLI/J8dBKnvLCxUrXRFAXktWls-1_TnZH2CkwCKgBGAs/s1600/20180802_233534.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1149" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-eda3OkS0idw/W2d9eZktXNI/AAAAAAAABLI/J8dBKnvLCxUrXRFAXktWls-1_TnZH2CkwCKgBGAs/s320/20180802_233534.jpg" width="229" /></a></div>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Michel Dugué vient de publier "Mais il y a la mer" aux éditions le Réalgar, dans la collection "l'Orpiment", dirigée par Lionel Bourg. Ce livre comprend quatre textes. Il est significatif que le premier s'intitule "La ballade des noms", comme si l'auteur voulait nous avertir d'emblée que le territoire qu'il va évoquer se situe aussi dans la langue, qu'il répond à la magie du Verbe. Beg Vilin, le Castel, l'île Loaven, l'île Rouzic, Crec'h Mélo, Roc'h Zémec, Beg Millon, ces noms de lieux "sonnent d'accents rauques" et entrent en résonance avec les paysages. Dugué nous invite à un voyage à la fois dans les mots et les lieux qu'ils désignent, en de longues promenades contemplatives autour de la "Pointe du Château". Il y a dans son écriture, classiquement belle, respectueuse de la syntaxe, un rythme qui apaise. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L'endroit qu'il décrit a beau être tourmenté, avec ses rochers déchiquetés par le vent et les vagues rugissantes</span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">, la prose de l'écrivain vient l'adoucir, agit comme un baume. Peut-être espère-t-il ainsi soigner quelque plaie secrète. En tous cas, il</span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> aspire à l'harmonie, cherche un accord avec le monde, et doucement, par petites touches, il fait entrer le paysage dans son écriture. Regarder s'écouler le temps dans le sablier du silence, patienter, prendre au vol les mutations de la lumière, Michel Dugué, face aux aléas de la vie, est en quête d'une sérénité qu'il nous fait partager.</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><span id="goog_1457757078"></span><a href="https://www.blogger.com/"></a><span id="goog_1457757079"></span><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Extrait :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Pluie tiède. Discrète acclamation. Il a suffi d'un nuage. L'herbe répand de nouvelles odeurs. L'eau se soulage de quelques vapeurs. Mes yeux se blessent à cette soudaine mutation de la clarté. Une fauvette se démêle du lierre qui a pour elle des prévenances d'amoureux. Un peu comme sur les vieilles photographies, le paysage s'est voilé. On pourrait croire qu'il y a une absence ou qu'il n'est plus qu'un rêve de paysage. Il semble que nous soyons tombés dans un second degré de signification. Dissolution lente. Je sens se défaire en moi de robustes pirogues. Le cœur se hausserait-il dans la région des rapides pour y brûler comme un feu de feuilles ? Le faîte des arbres serait-il tenté de partir avec les oiseaux ? Ne serait-ce pas l'écho furtif de la poésie ?</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Le deuxième texte, "Les anciens jours", évoque dans les parages le café où les habitués viennent oublier la dureté de leur vie quotidienne et trouvent refuge dans l'imaginaire. Comme chez Jacques Josse, il y a cette tendresse pour les estropiés de la vie, qu'il exprime dans un style très différent :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Il y avait dans leurs yeux des étangs gris. Je sais qu'en certaines circonstances malaisées à définir, ils auraient aimé s'y noyer. Aussi n'était-il pas étrange que sous le regard ou le menton – car ils étaient voûtés, certains pliés – des breuvages de nature diverse se succèdent sur un tempo variable selon l'humeur du moment. Ces hommes qui connaissaient la mer lui tournaient le dos ostensiblement, là dans ce repaire placé sur la route de leur vie comme une bonne auberge assez impitoyable cependant pour les brûler et pas seulement les ailes..."</i></span><br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Le troisième texte, "Homère sur la touche" est autobiographique et le dernier est une évocation urbaine : "Rennes, carte postale".</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> <i>Alain ROUSSEL</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>-------------------------</i></span><br />
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Michel Dugué : </i><b style="font-style: italic;">Mais il y a la mer </b>(éditions le Réalgar, 12€)</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-59279042732203381652018-02-05T01:29:00.000+01:002018-02-05T09:49:46.619+01:00Œuvres croisées : Georges-Henri Morin et Jacques Lacomblez <div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Ils viennent du surréalisme et le revendiquent. Cette expérience a été pour eux décisive et a orienté leur façon d'être, de penser, d'écrire et de peindre. Loin d'être réductrice, elle a éveillé en eux un espace de liberté où ils ont pu exprimer leur tempérament et leur sensibilité, sans concession, loin des gesticulations "médiatico-artistiques". Ils ne mangent pas de ce pain-là, pour reprendre une expression de Benjamin Péret et en même temps lui rendre hommage. L'un s'appelle Georges-Henri Morin, l'autre Jacques Lacomblez. Ils écrivent, ils peignent, ils peignent, ils écrivent, et il arrive que leurs œuvres se croisent.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>...............</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><b><br /></b></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>Georges-Henri Morin</b> découvre le surréalisme en 1965. Il participera, avec Bernard Caburet et Robert Guyon, </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">au "<i>Bulletin de liaison surréaliste" </i>et à <i>"Surréalisme"</i></span><i style="font-family: times, "times new roman", serif; font-size: x-large;">, </i><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">deux revues animées par Vincent Bounoure, puis <i>"Le Cerceau", </i>auprès d'Alain Joubert, François-René Simon et Pierre Peuchmaurd. Il a publié une dizaine de livres ou plaquettes et en a illustré une dizaine d'autres, participant par ailleurs à de nombreuses expositions, le plus souvent collectives. </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-0jv30xby5fU/WnecqZOViMI/AAAAAAAAA90/u4tX0KpdzHcwY2D2zxj8uOVHrWuUTFYJgCLcBGAs/s1600/Morin%2Bcouv.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-0jv30xby5fU/WnecqZOViMI/AAAAAAAAA90/u4tX0KpdzHcwY2D2zxj8uOVHrWuUTFYJgCLcBGAs/s320/Morin%2Bcouv.jpg" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Son dernier livre, <i>"Une brève, une longue"</i>, vient d'être édité par "Le Grand Tamanoir", avec des dessins de Jacques Lacomblez. il comprend deux parties. La première, <i>"Incidents de frontières"</i>, se présente comme un ensemble de sonnets, deux quatrains et deux tercets mais en vers totalement libres. Le paysage, les paysages qu'il évoque appartiennent à une sorte de géographie intérieure, avec ses chausses-trappes, ses crocs-en-jambe, ses anicroches, voire ses quiproquos. Ces lieux n'ont rien de bucolique ; ils sont menaçants et vous oblige à vous tenir sans cesse sur le qui-vive. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Georges-Henri Morin voyage dans cet espace qu'on peut qualifier d'onirique, avec ses aspects inquiétants, soit en dessinant ou peignant, soit en écrivant. Comment ne pas penser à certains de ses dessins récents quand il écrit : </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Les insectes se plient à ces métamorphoses</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Ils y multiplient leurs exils dorés</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Où le hasard les cueille au gré de leurs rondes de nuit"</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">La deuxième partie s'intitule "<i>La fille de l'air". </i>La tournure s'y fait plus aphoristique. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">L'auteur passe volontiers du "coq à l'âne", dans l'esprit des fatrasies, en jouant parfois sur des jeux de mots et des rapprochements de sonorités : "calcaire" et "calvaire", "claques" et "cales", "résines" et "racines", "devise" et "écrevisse"... Ce sont des phrases qui "cognent à la vitre", telle celle qu'André breton cite dans le "premier manifeste du surréalisme". Elles surgissent à l'improviste et s'imposent à la pensée par l'ouïe, du dedans ou du dehors, d'une façon lancinante. Peu importe qu'elle aient un sens ou non : elles sont là, elles existent et ne nous lâchent pas, reviennent constamment dans la tête comme un air obsédant dont on ne peut se débarrasser. En voici quelques exemples :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Comme crèvent les bulles</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Les chouettes s'égorgent</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Narcisses jusque dans l'ardoise</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Des coursiers lèvent ces reflets</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Que l'on souhaite fiers et chanceux</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>À toutes nos momies</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Hors la poisse</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>dites-vous</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Mais les jambes coupées</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>N'entendez-vous rien ?"</i></span></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large; text-align: justify;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-FM0uxJ8EywM/WnedFfmghiI/AAAAAAAAA-I/7qcQhU8uq4I-1ta9dAk9W_ekP2XDrmurACEwYBhgL/s1600/Lacomblez2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-FM0uxJ8EywM/WnedFfmghiI/AAAAAAAAA-I/7qcQhU8uq4I-1ta9dAk9W_ekP2XDrmurACEwYBhgL/s320/Lacomblez2.jpg" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Par ses dessins, volontairement en noir et blanc, Jacques Lacomblez tente de jeter des passerelles sur les gouffres insondables entre les phrases, entre les jets de mots. Il crée ainsi une cartographie complice, mais qui n'est pas pour autant sans danger : je le soupçonne en effet de nous tendre une main secourable pour mieux nous précipiter ensuite dans l'abîme. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Parfois, un étrange dialogue s'établit, mots et dessins se parlent, se chuchotent je ne sais quel secret dont eux-mêmes n'ont pas la clef. C'est comme la rencontre entre deux rêves, puis chacun reprend son monologue, s'abandonne à sa propre errance.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Peintre, dessinateur, poète, <b>Jacques Lacomblez</b> est né à Bruxelles. Très tôt il se passionne pour le romantisme allemand, la poésie et la peinture symbolistes, le surréalisme, puis la spiritualité orientale, non pas dans ses aspects religieux mais métaphysiques, ontologiques. Il rencontrera Breton, participera aux activités du mouvement surréaliste et à "Phases" autour d'Édouard Jaguer. Il aura aussi fréquenté en Belgique Marcel Lecomte, Achille Chavée, Marcel Havrenne, André Laurent, puis se liera d'une amitié indéfectible avec Claude Tarnaud dont les éditions "Les Hauts-Fonds", qui ont par ailleurs publié une anthologie de l'œuvre de Lacomblez, ont réédité assez récemment "L'Aventure de la Marie-Jeanne". De nombreuses expositions, en France, en Belgique ou à l'étranger, jalonnent son parcours où la poésie tient également une place importante, comme le montre le livre, <i>"Le Chansonnier" </i>qu'il a publié chez "Quadri Éditions", qui est par ailleurs une galerie d'art, avec des dessins ("<i>Indécentes ellipses"</i>) de Georges-Henri Morin.</span><br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Il y a une sorte de hauteur mallarméenne dans la poésie de ce</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-rmsFRNRkphw/WnedLCs6QwI/AAAAAAAAA-M/2Vj6iNYLswwxkuLLvOzT4T6mXs2OOtACgCEwYBhgL/s1600/Lacomblez%2Bcouv.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-rmsFRNRkphw/WnedLCs6QwI/AAAAAAAAA-M/2Vj6iNYLswwxkuLLvOzT4T6mXs2OOtACgCEwYBhgL/s320/Lacomblez%2Bcouv.jpg" width="239" /></a></span></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> dernier livre de Jacques Lacomblez. Elle tient à distance la réalité dans ce qu'elle peut avoir de trop prosaïque, de banale. Ce poète de "la plus haute tour", qui se soucie peu des tendances à la mode, cherche</span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> à opérer une transmutation du réel dans l'imaginaire, ou de l'imaginaire dans le réel, par la puissance du Verbe, sa pierre philosophale. Son creuset, c'est la langue, avec sa matière première qu'il faut purifier avec patience, son feu secret, son mystère et ses surprenantes métamorphoses. Voici un extrait de la première partie intitulée <i>"Impromptus" :</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Invisible</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> La fenêtre parle :</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La peau du bois</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> saigne au blanc de l'œil</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La cendre neige</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> sur les transes d'iris</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>La fée pleure</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> les seins nus sous l'écorce</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>C'est l'aube qui pleut</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> des roses du serpent</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Élégies" </i>constituent la deuxième partie. Ce sont des poèmes d'amour adressés à "l'absente". Le ton est grave, sobre, d'une grande émotion pudique qui vous prend à la gorge. Toute paraphrase est inutile, les poèmes parlent d'eux-mêmes :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Ta voix pâlie</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> et le gris du vent</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Tes yeux de lac</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> et l'écho des feux</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Aux clos déserts</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> de nos amours vertes</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Viennent voler</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> la clef des étoiles</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Tu savais parler</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> à la rose d'orage</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Qui seule s'ouvre</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> sous les voûtes sans âge</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Mots tendres d'épine</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> au léger goût de sang"</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Cette fois, ce sont les dessins de Georges-Henri Morin, avec leurs créatures aux mœurs étranges, cruauté et humour, qui accompagnent les poèmes.</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> </span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><a href="https://4.bp.blogspot.com/-9qJ9Ypkeb9Y/WnedQGfZazI/AAAAAAAAA-Q/GJPCWyQZAzogsbp27jSqK93PodCS64hZgCEwYBhgL/s1600/Morin%2Bdessin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-9qJ9Ypkeb9Y/WnedQGfZazI/AAAAAAAAA-Q/GJPCWyQZAzogsbp27jSqK93PodCS64hZgCEwYBhgL/s320/Morin%2Bdessin.jpg" width="240" /></a></span></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"> </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Par Alain Roussel</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>-"Une brève, une longue", </i>de Georges-Henri Morin avec des dessins de Jacques Lacomblez, a été publié par le Grand Tamanoir (10€).</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">-<i>"Le Chansonnier"</i>, de Jacques Lacomblez avec des dessins de Georges-Henri Morin, a été publié par Quadri éditions (25€).</span><br />
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-40082842315049696782017-12-12T00:26:00.000+01:002017-12-12T00:26:48.524+01:00Christian Hibon : la vigie hallucinée...<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-dmnrZZfXb5o/Wi8O6vWajLI/AAAAAAAAA7k/_JtHgYUFKk4RTTDTQp_5bMO-05i1Pf1YgCLcBGAs/s1600/Dix%252C%2Bles%2Btroph%25C3%25A9es%2B001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1166" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-dmnrZZfXb5o/Wi8O6vWajLI/AAAAAAAAA7k/_JtHgYUFKk4RTTDTQp_5bMO-05i1Pf1YgCLcBGAs/s320/Dix%252C%2Bles%2Btroph%25C3%25A9es%2B001.jpg" width="233" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Connaissez-vous Christian Hibon ? Si c'est le cas vous avez bien de la chance. Voilà un poète qui écrit depuis plus de quarante ans, mais qui se tient à distance. Les livres qu'il publie sont rares, souvent à compte d'auteur, à destination de quelques personnes qu'il choisit avec soin, dans une sorte de circulation secrète de l'écriture. Pour lui, la poésie est aussi une manière de vivre qui s’accommode fort peu de la banalité ambiante. Comme naguère à Calais où il placardait ses poèmes chargés d'anathèmes sur les arbres, il traîne maintenant depuis de nombreuses années sa longue dégaine, comme il le dit lui-même "sa silhouette d'ange déçu au détour des ruelles de la vieille ville", à Arles </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">où souffle depuis toujours un vent salubre dont il se coiffe, non sans insolence. Si soudain, dans la nuit, vous entendez comme un grand rire de crécelle, ne cherchez pas : c'est le sien. Le rire n'est-il pas "son vin préféré" ? Le sentiment du dérisoire cohabite naturellement chez lui avec le sens de l'émerveillement et une mélancolie parfois. Il déteste une certaine poésie qui s'inspire de la vie quotidienne. Le réel, ce que Breton appelait le "peu de réalité", il préfère le traquer sans lui laisser de répit, chercher toutes ces fissures et lézardes par lesquelles l'imaginaire peut s'épancher en toute exubérance. Jubiler avec le monde par les mots, en toute liberté, telle pourrait être sa devise.</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-dwokhaF1Gk4/Wi8PCdC7xfI/AAAAAAAAA7s/WUkemqcw000lXFoUaJYD1FWZGQWsf8oRQCEwYBhgL/s1600/Hibon1.PNG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="231" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-dwokhaF1Gk4/Wi8PCdC7xfI/AAAAAAAAA7s/WUkemqcw000lXFoUaJYD1FWZGQWsf8oRQCEwYBhgL/s320/Hibon1.PNG" width="216" /></a></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Aussi, ne soyez pas étonnés que Christian Hibon fréquente les fées, dans son dernier livre, <i>"Dix, les trophées"</i>, publié et illustré par Marc Pessin, graveur, peintre et éditeur d'art comme on n'en fait presque plus, hélas. En dix textes courts, l'auteur nous fait entrer dans l'intimité de ses aimables nymphes. </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Voici deux "trophées" :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Je regarde la santé des fées, elle sont si peu nombreuses qu'on dirait un miroir de poche brisé dans le sac à main des clairières. Leur pâleur est une poudre pour tous les nids, c'est le grand maquillage des oiseaux, ces princes de l'air dont les serres sont les bracelets de leurs maigres poignets. Quant à l'unique bague qu'elles réclament, il suffira de plonger un doigt dans l'une de mes veines."</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Elle sait très bien le nom des vents improbables qui viendront la coiffer. Il lui suffit d'épeler la moindre morsure de l'air.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Riche de nudité, son corps écoute la forêt pour laisser libre cours aux prétendants tapis dans l'herbe qui la réclament.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Nul ne sait son histoire, les plus heureux parlent seulement de l'écho de son silence."</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">(encre de Marc Pessin)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-V7JT1sRrwPo/Wi8O-hrUPlI/AAAAAAAAA7w/QZlPul-HwbwX_-CoF9-mCewO8lSwT1xRwCEwYBhgL/s1600/Dix%252C%2Bles%2Btroph%25C3%25A9es2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1166" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-V7JT1sRrwPo/Wi8O-hrUPlI/AAAAAAAAA7w/QZlPul-HwbwX_-CoF9-mCewO8lSwT1xRwCEwYBhgL/s320/Dix%252C%2Bles%2Btroph%25C3%25A9es2.jpg" width="233" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b><br /></b></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b><br /></b></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b>- Christian Hibon :<i> "Dix, les trophées, journal d'un guetteur", avec des encres de Marc Pessin, </i>Éditions le Verbe et l'Empreinte.</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><b><br /></b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>.....</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Et voici deux extraits d'un tapuscrit inédit, <i>"Première pression à froid"</i> :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"D'où venais-tu ?</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Il n'y avait ici aucune gare, aucune route. Seul un sentier que je portais du bout des lèvres dans cette plaine insolite, pouvait t'inventer. Et tu y as crû. J'ai oublié nos premiers mots, ils devaient être simples, telles ces pierres que tu lançais et que nous retrouvions sur le lit, le soir venu.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Tu es partie. La mélancolie de septembre est dans l'encrier : j'accroche chaque lettre sur les arbres jaunissant de l'été."</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"J'ai suivi le chemin qui te ressemblait, j'ai reconnu les miroirs où tu étais passée, j'avais sur le dos le testament des étoiles. Mon propre scalp à la main, j'ai hurlé, jusqu'aux aigles inconnus pour te retrouver. À cette époque, la lune était un superbe hamac pour le ciel et je n'avais nul endroit où me reposer. J'ai retrouvé ton lit défait, ton lit qui se recompose quand je baisse les yeux, tel un phare effondré dans mes larmes."</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>.....</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Alain Roussel</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-84782421024211574832017-11-15T10:58:00.001+01:002017-11-15T11:07:17.651+01:00Le parti pris des larmes<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-J0hJZI8-W-8/WguJb1lU8vI/AAAAAAAAA6E/cXxB42jg2kEiNIlOhwUuZPaM2MJI7sCKACLcBGAs/s1600/Finck.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="230" data-original-width="210" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-J0hJZI8-W-8/WguJb1lU8vI/AAAAAAAAA6E/cXxB42jg2kEiNIlOhwUuZPaM2MJI7sCKACLcBGAs/s320/Finck.jpg" width="291" /></a></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Le dernier livre de Michèle Finck, "Connaissance par les larmes", a de quoi surprendre. Il ébranle toutes ces habitudes mentales auxquelles nous tenons tellement. On veut absolument faire de la connaissance un objet de l'esprit, avec ses moyens bien rodés, souvent d'une grande froideur, que sont le raisonnement, la logique, au mieux on y introduit une sorte d'intuition métaphysique, perception directe indiscutable mais qui n'est pas prouvable, qui est de l'ordre de l'innommable, "docte ignorance" disait-on naguère. On oublie que tout processus de connaissance s'appuie sur le corps, que celui-ci existe, avec sa densité, son opacité, son impatience, son plaisir, son exaspération, parfois ses nerfs à vif et son mal être. C'est en définitive lui qui connaît, et la pensée n'est qu'un de ses instruments, certes privilégié. </span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Les larmes – comme le rire – sont un mode d'expression du corps que notre société policée, peu friande d'émotions fortes, tolère à peine, hormis en certaines circonstances exceptionnelles. Il n'en fut pas toujours ainsi. La société médiévale tenait en grande estime, chez les mystiques chrétiens, le "don des larmes", signe d'une expérience spirituelle authentique, selon les critères de l'époque. Des pratiques semblables existaient aussi chez les kabbalistes, surtout parmi les disciples de Louria. Se laver les yeux par les larmes et purifier ainsi la vision pour atteindre à la connaissance dans une sorte d'abandon, de "lâcher prise", c'est l'impression que je ressens à la lecture du livre de Michèle Finck. Cela n'a rien à voir avec une démarche scientifique. C'est par le poème, d'une écriture souvent hachée, à l'imitation des sanglots, que l'auteure nous invite à voir le monde à travers les larmes aux multiples facettes et nuances :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Larmes blanches -décapage catharsis exorcisme</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Larmes noires -équarrir désosser calciner."</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">D'une grande culture qui touche à tous les arts, traductrice de poètes allemands (Trakl, Rilke) et auteure d'un essai sur Yves Bonnefoy, <i>"Le simple et le sens"</i>, publié chez Corti, Michèle Finck nous fait voyager "par les larmes" dans la musique, la peinture, le cinéma et, en ce sens, son livre est une véritable anthologie transversale de plusieurs modes d'expression. Mais son regard, comme lavé par toute cette "eau" – larmes de tristesse, de joie ou de connaissance –, est avant tout celui du poète, en vers ou en prose, qu'elle est viscéralement :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Amour poésie mort :</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>une seule et même œuvre."</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">ou encore :</span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>"Poésie peau nue</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>Vêtue seulement</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>De vent."</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">On referme le livre de Michèle Finck. Son écriture nous est venue avec la vague, elle repart avec elle par le ressac. mais il reste dans la bouche sur le bout de la langue un goût étrange, à la fois doux et piquant : c'est le sel, comme une saveur de poésie.</span><br />
<br /></div>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i> Alain Roussel</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i>.....................</i></span><br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;">Michèle Finck,<i> "Connaissance par les larmes", </i>208 pages, 17€, Éditions Arfuyen.</span></div>
<br />
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<br />
<br /></div>
Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-8023840670963614056.post-6892397137583412392017-08-20T12:27:00.000+02:002017-08-20T12:27:06.551+02:00Lionel Bourg, les mots à vif<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-RE6bDOhJ1FU/WZd4SHtWTWI/AAAAAAAAAxU/33NFjRemw6oV4m3PukQcHKOG9VikOQw2wCLcBGAs/s1600/Lionel%2BBourg.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="208" data-original-width="155" height="400" src="https://4.bp.blogspot.com/-RE6bDOhJ1FU/WZd4SHtWTWI/AAAAAAAAAxU/33NFjRemw6oV4m3PukQcHKOG9VikOQw2wCLcBGAs/s400/Lionel%2BBourg.jpg" width="299" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">Il est toujours là, </span>Lionel Bourg<span style="font-weight: normal;">, avec sa révolte intacte, celle de sa vibrante jeunesse, insubordonnée comme il se doit aux abords d'un certain mois de mai de la fin des années soixante, avec sa colère contre toutes les formes d'hypocrisie, d'imposture, là, debout, à fulminer contre une société qui n'en finit pas de faire naufrage dans une mer de chloroforme, mais là aussi avec sa tendresse qui mouille le regard comme pour le rafraîchir, à crier son amour pour la poésie, pour la promenade à la Jean-Jacques Rousseau, pour toutes les "œuvres excessives" dans l'art ou dans la vie. Il sait de toute façon que </span>"demain sera toujours trop tard"<span style="font-weight: normal;">, pour reprendre le titre d'un de ses derniers livres publié aux éditions "le Réalgar" qui ont eu la bonne idée de créer une collection de lettres ouvertes, forme qui lui convient parfaitement – tous les livres de Lionel Bourg sont d'ailleurs des lettres ouvertes en fenêtre sur la vie –; aussi ce qu'il a à dire il le dit maintenant, tant qu'il est temps encore, à grand renfort de "pelletées de verbes et d'adjectifs" avec sans doute le secret espoir d'enterrer le vieux monde, de l'étouffer sous un grand rire mélancolique qui n'oublie pas l'autodérision, signe de liberté. S'il invective ainsi le "peu de réalité", ce n'est pourtant pas de façon triviale, mais toujours dans une belle langue qu'il affûte avec arrogance pour mieux pourfendre. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-weight: normal;">À la façon de Guy Debord avec "Panégyrique", c'est dans la "confession" que ce poète, en définitive pudique, nous émeut le plus : </span><i><span style="font-weight: normal;">"Je suis d'un monde et d'un temps, d'une manière d'aborder autrui comme de fréquenter les choses qui ne subsistent qu'à peine ou, parmi les épaves, ne surnagent quasi plus. Nous ne possédions rien. N'avions de perspective que des après-midi trompées à dribbler des fantômes, des cieux mornes, encombrés de nuages grisâtres, des boues et des lacunes figées au crépuscule dans un firmament que griffaient les toitures des usines. L'été, je galopais sans crier gare par la campagne limitrophe, ne percevant au fond de mon désarroi qu'une vague rumeur, une plainte ou, subreptice, indécis, le battement d'un cœur. L'hiver, je contemplais le givre blanchir de ses fougères le carreau de la chambre..."</span></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><i><span style="font-weight: normal;"><br /></span></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;">Avec <b>"Watching the river flow </b><i><b>sur les pas de Dylan</b></i><b>"</b>, publié aux éditions "La passe du vent", Lionel Bourg évoque le célèbre chanteur poète, mais son livre n'est en rien une biographie. Dylan y apparaît plutôt comme un compagnon de route, intériorisé, de son adolescence, sans doute de toute sa vie, une sorte de voix complice qu'il porte parmi d'autres voix – Rousseau, Rimbaud, Breton, Proust... – dans sa pensée, autour de sa propre voix. Ce que nous livre Lionel Bourg dans ce livre ce sont des fragments d'autobiographie qui viennent, de façon non linéaire, exploser à la surface du présent et qui ont un tel pouvoir d'empathie que l'on se reconnaît intimement dans cette histoire personnelle, du moins pour la génération née dans les années d'après-guerre. Quand on fouille dans sa propre mémoire, c'est la même rivière que l'on regarde couler, avec cette même envie de fuir, de partir au fil de l'eau, par les fleuves et canaux, tout lâcher pour échapper à cette vie insipide, à défaut d'être misérable.Si Lionel Bourg n'a pas traduit les nombreux extraits des chansons de Dylan dont il irrigue son récit, c'est je crois pour une raison essentielle : elles sont inséparables d'une certaine tonalité de voix et d'une certaine musique de la langue. Tout le livre est par ailleurs ponctué d'extraits de nombreux poèmes ou proses poétiques, d'airs populaires, sans oublier les invectives du père et de la mère qui, reconnaissons-le, ne manquent pas de saveur et ont contribué, comme a contrario, à forger un tempérament rebelle.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"> Fragment :<i>"Il me fallait déguerpir. Me délester des aciéries, des puits de mine et, en chasse d'une beauté qui m'était interdite, gagner le large ou caboter de port en port à la recherche de cet éden dont la virginité, c'était un drôle d'Adam, une drôle d’Ève chargée de bijoux égyptiens que Dylan hébergeait en ses verts pâturages, se refusait encore à moi, les fleurs, les baobabs ou les palmiers, les cèdres comme les palétuviers qui prospéraient au milieu de luxuriantes fougères, les glaces, les icebergs et les fjords, les landes, les bruyères empourprées et les ajoncs de son double septentrional ne rédimant ni la décrépitude ni la magnificence de plus en plus lépreuse d'une cité dont tout annonçait la faillite..."</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"> Alain Roussel</span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-YuC1u3VXfHk/WZjBjHaAfRI/AAAAAAAAAxo/Vzh7VSj9hnAsWc18V-6FKr0pfOgrV7lkQCLcBGAs/s1600/Demain%2529.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><img border="0" data-original-height="194" data-original-width="259" height="150" src="https://1.bp.blogspot.com/-YuC1u3VXfHk/WZjBjHaAfRI/AAAAAAAAAxo/Vzh7VSj9hnAsWc18V-6FKr0pfOgrV7lkQCLcBGAs/s200/Demain%2529.jpg" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><b><br /></b></span>
<span style="font-size: medium;"><b>"Demain sera toujours trop tard"</b> a été publié aux éditions<b style="font-style: italic;"> "le Réalgar" </b>(170 pages, 14 €).</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: medium;"><a href="http://lerealgar-editions.fr/">http://lerealgar-editions.fr</a></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-7E8zNimnU8c/WZjB3zVaOPI/AAAAAAAAAxs/ALS8BjXU35osfhMGandn05WEroZN8m4qwCLcBGAs/s1600/Dylan.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="185" height="200" src="https://2.bp.blogspot.com/-7E8zNimnU8c/WZjB3zVaOPI/AAAAAAAAAxs/ALS8BjXU35osfhMGandn05WEroZN8m4qwCLcBGAs/s200/Dylan.jpg" width="136" /></span></a></div>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><b><br /></b></span>
<span style="font-size: medium;"><b><br /></b></span>
<span style="font-size: medium;"><b>"Watching the river flow sur les pas de Dylan"</b> a été publié par les éditions<b style="font-style: italic;"> "La passe du vent" </b>(145 pages, 13 €).</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: medium;"><a href="https://lapasseduvent.com/">https://lapasseduvent.com/</a></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: medium;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<span style="background-color: white; color: #006621; font-family: Times, Times New Roman, serif; font-size: large; text-align: left; white-space: nowrap;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-weight: normal;"><br /></span></span></h2>
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<span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><span style="font-weight: normal;"> </span></span></h2>
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Alain Rousselhttp://www.blogger.com/profile/06963908504713862202noreply@blogger.com0